4 jours après
— ça va, vieux ?
je sens à sa voix que doumama est préoccupé.
je rapproche le combiné de mon oreille et réponds naturellement.
— bah ouais.
— j'sais que t'es occupé, mais j'voulais quand même être sûr.
— sûr, de ? je demande.
— bah que ça allait.
— mais je t'ai dit que ça allait, frère.
— ouais mais bon.
silence.
je mets mes chaussures et sors.
je suis complètement déréglé, je dors pas de la nuit jusqu'à onze heures, midi. puis je tape une sieste jusqu'en début de soirée.
là il est dix sept heures, j'ai fait l'effort parce que vas y.
— c'est bon mam's, tranquille.
— tu l'as trouvée ?
bonne question.
je prends d'ailleurs la route vers la réponse. j'suis pas hyper ienb.
de mon côté j'ai essayé comme je pouvais, j'suis retourné à son ancien airbnb, allé aux endroits dont on a déjà parlé, j'y ai passé des heures, j'ai passé en revue tous les supermarchés du périmètre, les bureaux de tabac et même les magasins de fringue.
mais ça rime à rien tout ça.
quand tu sais même pas ou chercher tu cherches partout et nulle part.
j'espère que le tonton aura plus d'infos que moi.
j'ai demandé quelques précisions sur ce gars à crystal, apparemment c'est un ancien détective privé.
il connait absolument tout et tout le monde, rien n'est censé lui échapper quand il décide d'enquêter.
il a vu et découvert les pires choses, elle m'a même confié qu'il était la cible des lobbys à un moment, c'est pour ça qu'il s'est fait petit.
je pensais pas qu'il accepterait une telle demande après tout ça.
à côté de son vécu je fais tiep avec mon histoire à deux francs.
— pas encore. je réponds.
« pas encore ».
c'est ce que j'avais répondu aussi la dernière fois qu'il m'a posé la question, et j'étais au même endroit, ici à tokyo. et j'ai ressenti cette même amertume au fin fond de mon être.
flashback
tokyo - octobre 2016
j'suis pas ienb.
les gars sont en folie, sneaz tape ses meilleures vannes. je me prenais au jeu au début, mais là j'suis pas dans le mood.
plus je me rapproche de l'immeuble, plus je me sens lourd.
mes talons s'enfoncent un peu plus dans le bitume à chaque pas, mais je peux pas faire marche arrière.
j'y tenais.
on sait tous pourquoi on est là officiellement mais la partie officieuse me regarde personnellement.
doum's aussi est au courant.
j'suis censé les laisser à l'angle de la rue pour prendre à gauche.
j'ai pas répété ce que je devais lui dire, mais j'imagine que ça sortira tout seul au moment venu.
