je savais qu'il ne lâcherait pas le morceau aussi facilement.
doumama c'est ça. quand il a décidé d'un truc ou que ça touche un des siens, il est imperturbable et carrément obstiné. on l'aime ou on le déteste pour ça.
il m'a retrouvé chez moi après mon appel. le silence est d'or dans l'appart.
j'ai l'impression qu'à chaque mot que je vais sortir, je vais me faire gronder par le tonton à moitié fonsdar. mais vas y pas le choix, faut que je lui tire les vers du nez.
— vas y mam's, viens on parle sah.
— je t'écoute. dit-il.
je le dévisage.
— comment ça tu m'écoutes ? c'est moi qui t'écoute, gros. où j'peux la trouver ?
— ouh, là. assis-toi jeune kōhai, t'as un peu trop pris la confiance.
je souffle et prend place sur le canap.
j'savais qu'il allait me faire son numéro sa race.
— déjà, dit-il entre deux taffes, explique-moi comment t'es passé de « j'vais troncher une meuf » à « j'vais retrouver kamiya » en l'espace de deux heures ? je comprends pas la corrélation, t'as capté ?
je soupire.
j'avoue ça fait chelou d'un regard extérieur, j'peux pas lui en vouloir de s'interroger.
— zehma ça puait sa mère, maintenant tu veux retrouver la go qui te donnais tes sensations fortes ? dit-il, le regard noir.
— mais t'es un malade ou quoi toi ? aucun rapport avec le cul, en vrai.
même si le cul avec elle, c'était dar.
c'est grave pas le sujet.
— excuse-moi de pas comprendre chacal, t'es là tu fais blerni tu l'a oubliée du jour au lendemain tu me dis tu veux la trouver y'a un truc qui va pas là, tu crois pas ?
— eh vas y tu sais très bien que je l'ai pas oubliée doum's. on en a parlé.
— oui des fois... mais depuis que t'es parti aux states tu m'en a jamais reparlé.
je me masse les tempes.
cette discussion me pète déjà les couilles.
si y'a bien une chose que je déteste dans ce monde c'est de devoir me justifier. heureusement que c'est mon reuf et qu'il a une bonne raison de me questionner.
doum's c'est le seul qui était au courant de tout, j'pense qu'il a été un peu témoin de notre histoire avec kamiya par défaut, et qu'il s'est retrouvé au milieu sans trop demander.
c'est vrai que quand on a fait notre trip au japon, c'était un peu notre intermédiaire...
Je regrette tellement ces moments que je refuse de les revoir dans ma tête.
— elle m'a jamais laissé l'occasion de m'expliquer; et t'es témoin.
il hausse les épaules.
et il sait que c'est vrai. j'ai remué ciel et terre pour pouvoir lui parler au japon, même un cheveu, je n'ai pas vu d'elle.— peut-être que t'as abandonné trop vite.
— frère, j'me suis dit qu'après tout ça, la meilleure chose que je devais faire c'était de la laisser tranquille... même si j'aurais au moins voulu qu'elle connaisse le fond de ma pensée.
— tu sais pas ce que tu veux ken. un jour tu veux être avec elle, le lendemain tu veux pas en entendre parler, comprends-là aussi.
je déglutis.
