j'ai repris la route de nuit et j'ai bombardé comme un ouf.
j'sais pas si j'suis dégoûté de cette soirée ou si j'ai juste un seum intersidéral. en tous cas je suis fatigué.
fatigué de cette journée, fatigué de cette histoire.
j'ai l'impression de tourner en rond, et cette soirée m'en a donné le coeur net.
j'ai même pas l'impression que c'est réel, c'est comme si je l'avais rêvée cette soirée. revoir kamiya face à moi, sentir son parfum, entendre sa voix, son rire...
c'était trop intense pour être vrai. parce que je l'ai fantasmé bien trop de fois.
du coup j'ai cette hauteur qui me permets de pas sombrer là direct comme un gros bouffon. le fait que je ne réalise pas me sauve, finalement. même si au fond de moi, c'est clair.
j'ai fait tout ça pour rien.
mais au moins j'aurais tenté.
elle a refait sa vie et tant mieux pour elle, j'ai pas envie de rentrer dans des bails de vengeance, et là j'ai l'impression qu'elle veut juste me rendre la monnaie de ma pièce.
on dirait qu'on n'a pas le droit d'être con dans ce monde... j'ai pas fait exprès, wesh.
j'ai déconné certes, mais quand je m'en suis rendu compte et que j'ai eu le fin mot de cette histoire, j'ai tout fait pour me racheter.
je soupire.
on frôle les deux heures du matin quand j'arrive chez carla. j'ose même pas rentrer, j'ai pas envie de la réveiller. en plus j'avais dit que je ne rentrerais pas tard. j'ai pas tenu ma parole. alors je reste là dans la gov, et je m'enfonce dans le siège.
j'ai un ciel étoilé de batard sous les yeux. d'un coup j'ai l'impression que ça va mieux.
je ferme les yeux deux secondes pour souffler.
toc toc toc
je sursaute à la vue de carla qui me dévisage et du ciel étonnamment bleu.
elle ouvre la portière passager et m'interroge.
— ton lit n'est pas assez confortable ? dit-elle amusée.
— j'suis rentré tard, je voulais pas te déranger.
— estúpido...
elle secoue la tête et m'invite à déjeuner, je fais un saut dans la salle de bain pour me débarbouiller. tout est déjà prêt dans la cuisine, et je tombe nez à nez avec une jeune femme qui me sourit timidement.
— c'est ma fille, anita. je lui ai dit que j'avais un invité alors elle a ramené le petit déjeuner.
on se salue poliment et je prends place face à elle. la table est remplie à ras bord de mets salés et sucrés. j'sais pas où donner de la tête. anita m'indique gentiment les différents plats éparpillés et carla complète en précisant les ingrédients. ça m'amuse.
— ça s'est bien passé ta première soirée ? demande carla
j'hausse les épaules.
— ouais, c'était... éprouvant.
— ah ?
silence.
— tu veux du jus de goyave ? propose anita.
j'hoche la tête et la remercie intérieurement d'être intervenue pour qu'on change de sujet.
— qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui, alors ? reprend l'hôtesse de maison.
— j'sais pas trop... visiter. piquer une tête... je réponds.
— il faut que tu fasses la playa flamingo ! s'exclame anita.
