la havane, décembre 2019
c'est un peu toujours la même rengaine.
après des heures d'avion qui m'ont semblées interminables et un contrôle de douane offert par la maison, j'arrive enfin à bon port.
je me retrouve de nouveau seul face à l'inconnu. heureusement j'ai des gavas qui ont pu me filer des contacts sur place. histoire que je ne me retrouve pas trop duper.
je prends un taxi jusqu'à l'adresse qu'on m'a indiquée. d'après le polo, c'est une daronne très aimable qui aime bien héberger des touristes pour arrondir ses fins de mois. c'est toujours mieux qu'un hôtel en solo, un peu de compagnie ne me ferait pas de mal.
il fait plutôt bon, les rues sont vivantes et les infrastructures ressemblent étrangement à celles du cap. c'est plutôt coloré.
c'est une toute autre ambiance de paris, je sens que je vais m'y plaire.
une petite demi heure de trajet plus tard, j'arrive devant un petit immeuble sur lequel les numéros inscrits en laiton correspondent à l'adresse que j'ai indiqué au chauffeur.
je le remercie et sors. et un portail adjacent s'ouvre sous mes yeux et laisse entrevoir une petite dame au tient halé.
— ken ? demande-t-elle en me jaugeant.
— oui, bonjour.
j'essaye de dépatouiller quelques mots en espagnol, mais à mon plus grand soulagement elle parle anglais. c'est comme ça qu'on échange.
elle habite au rez-de-chaussée de l'immeuble, c'est la seule qui possède un jardin, c'est pas là qu'on passe pour entrer chez elle. elle me laisse entrer dans les lieux, c'est aussi coloré que les rues que j'ai traversées sur le chemin.
le salon est rose, j'aperçois la cuisine toute jaune plus loin. elle me fais visiter les pièces de la maison, et chacune d'elle a une couleur définie, ça m'amuse.
la salle de bain est bleue, ma chambre attitrée est verte. je la remercie quand elle m'invite à prendre possession des lieux.
c'est un peu exigu, j'ai un lit simple et une moustiquaire avec une armoire, et un ventilateur dans un coin. les murs sont ornées de peintures et dessins encadrés dans le même ton verdâtre.
les draps sentent la soupline.
je dépose mon sac et me propose d'emblée quelque chose à manger. j'accepte sans broncher. j'ai une dalle du turfu.
elle m'installe à table et refuse mon aide. les ventilateurs tournent à plein régime sur un fond de conga.
c'est dingue comme j'ai l'impression de me retrouver chez les parents de kamiya.
— vous vivez seule ? je demande pour faire la conversation.
elle me fait non de la tête et me rejoins la table après nous avoir servis.
— oui, mes enfants sont grands maintenant et mon mari nous a quittés l'année dernière.
— j'suis désolé.
— c'est comme ça. mes enfants viennent me voir de temps en temps, et ils viennent manger tous les jeudis. tu auras sans doute l'occasion de les rencontrer.
j'acquiesce et on mange en silence.
— et toi, tu fais quoi ici ? des vacances ?
— pas vraiment... je réponds.
