retrouvailles

2.4K 178 139
                                    

elle me fais entrer, j'observe les lieux en long et en large pour masquer ma gêne.

pour être honnête je réalise pas.

je m'attendais à tout, à vraiment tout. je m'étais tout imaginé. sauf ça.

elle me fais signe d'avancer jusqu'au séjour et ferme la marche. c'est pas immense, mais c'est très charmant.

elle a mélangé plusieurs inspi, un des murs est de couleur jaune, y'a des tableaux d'inspiration japonaise ça et là, au milieu des street art.

les derniers rayons du soleil dessinent dans le coin cuisine qui me fais face, ce qui donne à l'endroit un petit charme ambré.

ça sent bon, c'est cosy, avec la petite musique d'ambiance qui met bien.

c'est très eclectique, très kamiya.

— c'est modeste mais voilà... mon petit havre de paix. dit-elle dans mon dos.

— c'est sympa, je réponds.

elle me contourne pour atteindre la cuisine ouverte sur la pièce.

— j'ai péché des coquillages, c'est le menu de ce soir, ça te va ?

j'mange tout de toi.

— nickel.

elle esquisse un léger sourire et disparait sous le plan de travail.

et moi j'imprime chaque détail, chaque recoin de la pièce à vivre dans ma mémoire. c'est irréel ce qui se passe.

sur le coup j'ai chaud de triper. j'ai l'impression d'être spectateur de la scène. j'ai envie de me gifler pour être sûr que je rêve pas.

— t'aimes bien ? j'entends à ma droite.

sa voix suave me sort de ma rêverie. elle se poste à mes côtés devant la grande photo encadrée.

— ouais je... ça me dis un truc.

— c'est à barbès, elle rigole. j'ai bien aimé la compo alors j'ai dégainé l'appareil. j'adore la meuf qui sort de nulle part avec sa robe.

j'acquiesce en silence. elle me tend un verre.

— qu'est-ce que c'est ? je demande après l'avoir remerciée.

— la tradition quand on arrive ici, tu m'en diras des nouvelles. dit-elle.

on se regarde sans parler. j'sais pas si on doit trinquer.

— à... cuba ? je tente en approchant mon verre du sien.

— à cuba.

les yeux dans les yeux, nos verres s'entrechoquent.

elle sirote la boisson devant moi et attend que j'en fasse de même. je me fais pas prier. elle m'interroge du regard.

— c'est bon, c'est acidulé.

— j'ai mélangé les agrumes, comme t'aimes.

elle me fausse compagnie pour rejoindre la cuisine. je déglutis.

j'ai chaud.

mais je me laisse pas envahir par la liqueur et l'effet qu'elle me fait. je m'approche à petits pas de la cuisine et prends soin de garder la distance en restant derrière le plan de travail.

— qu'est-ce qui t'amène ici, sinon ? elle reprend, le nez dans ses placards.

toi.

mais sa nonchalance est déroutante. j'arrive pas à savoir si c'est naturel ou si elle joue.

ShinzōOù les histoires vivent. Découvrez maintenant