elle m'implore de ses grands yeux verts, c'est dingue comment kamiya lui ressemble. même si les siens sont marrons, elle a les mêmes yeux bien dessinés, le même teint halé, les mêmes cheveux noirs brillants et le même grain de beauté sur le menton.
si on les mettait à côté on jurerait qu'elles sont soeurs. et c'est même pas pour faire le charo.
j'ai du mal à réagir au début comme j'ai l'impression de voir kamiya devant moi. elle me réitère donc la question un peu plus fermement cette fois.
— ken, réponds-moi bon dieu !
— non je... non pas du tout. enfin... j'en sais rien.
elle plisse des yeux. ça aussi, c'est du kamiya tout craché.
— mais que fais-tu ici ? tu m'inquiètes !
et me trouver face à elle me fous une putain de claque. plus violente que je l'imaginais. je me refais tout. tout notre séjour, tous nos moments, et j'suis complètement perdu.
— je... je voulais voir votre fille.
j'en perds mes mots. l'adrénaline est redescendue, j'suis en train de perdre mes couilles et tous mes espoirs en même temps.
— je pensais qu'elle serait ici... mais je me suis sans doute mépris. pardonnez-moi.
j'sais pas si je dois fuir comme un lâche ou attendre qu'elle réplique quelque chose avant. c'est trop chelou cette situation, j'suis complètement à côté de la pompe.
— melinda, c'est qui ? s'exclame une voix rauque derrière nous.
quand elle se retourne, j'aperçois son mari, un peu plus barbu que la dernière fois. il fronce les sourcils en me voyant.
— viens, entre. dit-elle simplement.
elle ferme le portail derrière moi et je m'avance timidement jusqu'à l'hôte de maison qui me dévisage scrupuleusement.
— bonjour monsieur sobravega.
— on se connaît, non ? ton visage me dis quelque chose, jeune homme.
— oui, je suis ken, un ami de votre fille. vous nous avez reçus un été, il y a trois ans.
— ah le chanteur !
je n'ose pas le reprendre.
— mais oui je me souviens de toi, comment tu vas ? mais qu'est-ce qui t'amène ? kamiya n'est pas avec toi ?
mon cœur se serre. elle n'est définitivement pas ici.
— non je... à vrai dire on ne s'est plus donnés de nouvelles depuis un moment, je pensais la trouver à vos côtés.
— ah? non elle n'est pas ici garçon, elle est restée avec nous tout le mois d'août, comme tous les ans maintenant. mais elle a repris son envol.
j'hoche la tête, déboussolé. même si j'essaye de faire bonne figure, pour moi c'est un énième coup de massue.
j'étais presque persuadé de la trouver ici. et maintenant j'vais rentrer comme un malpropre, sans réponses et sans kamiya.
— tu dînes avec nous ? j'ai fait à manger pour tout un régiment. propose melinda.
— je veux pas vous déranger mais oui, avec plaisir. je réponds alors.
elle secoue la tête.
— allez vous assoir, je vous ramène à boire.
son mari me prend à part tandis qu'elle prend le pas pour rentrer.
— c'est notre anniversaire de mariage demain, du coup elle prépare tout et n'importe quoi. j'ai autre chose de prévu pour elle mais je la laisse faire, mon estomac se réjouit.