en châteaux de sable

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Le manque de concentration trop criant pour m'affairer à ma tâche, j'avais trouvé refuge dans les toilettes du personnel, où, devant le miroir, mon reflet aux traits dépité me faisait face. C'était lui, Katsuki Bakugo, les fibres de mon corps en alerte ne se trompaient pas. Seul cet individu me regardait comme un prédateur prêt à fondre sur sa proie et déclenchait une agonie pareille.

Sa silhouette parfaite s'était en outre trop bien imprégnée dans ma mémoire pour oser douter. Des réminiscences conservées, il restait cette image en particulier, que j'avais renoncé à détruire. Les séquelles trop importantes, au point de menacer mon humanité, j'avais abandonné toute tentative, devant la résistance trop puissante.

Le sentiment de reprise de contrôle réel malgré cette défaite, j'étais parvenu à enfermer ce morceau de ma vie à double tour dans mon intérieur enfin rangé. C'était du moins ce que je croyais. Le désordre déclenché par un simple contact visuel prouvait toute mon imprudence et je fulminais contre lui, l'unique responsable de ce remue-ménage. Pourquoi revenir ? Que signifiait ce revirement, quand personne, à l'exception d'Eijiro, ne souhaitait entendre parler de lui ? Ma haine bouillonnante venait compléter le venin glacé de la souffrance sur ma peau, tandis que la bile acide sur ma langue reflétait toute ma répulsion.

Son retour ne m'étonnait pas tant que ça, en fin de compte ; je rassurais Shōto, cette perspective malgré tout redoutée, une frayeur basée sur son portrait. En vrai électron libre, l'éventualité, dissimulée sous quelques obscurs motifs, paraissait toujours plausible.

Mon organe proche d'éclater hors de sa cage, je chancelais, la chute évitée de justesse par ma main agrippée à la vasque du lavabo. Je me sentais si mal, tout à coup...

J'avais sous-estimé cet idiot, autant que l'étendue de ma rancune aux allures vengeresse, mon intérieur affolé par mille signaux d'alerte contenue à grande peine. Tout revenait, mais surtout, ces sentiments dont je rêvais de me délester, ce boulet qui pourrissait mon existence. Je voulais pourtant oublier son nom, l'effacer à tout jamais ; j'étais prêt à renoncer, apaisé par la tranquillité de mon amour.

C'était plus fort que moi, le voir graviter dans son ancien royaume me donnait la nausée. Sa présence me ramenait à une des périodes les plus éprouvantes de ma vie ; le miracle de réchapper par deux fois à la mort, l'une spirituelle, mais tout aussi périlleuse, ne semblait pas garanti si je laissais tout m'échapper. Avec une bonne dose de courage, je parviendrais à lui dire que je ne ressentais plus rien à son égard, ou en tout cas des choses très lointaines de sentiment affectueux.

Face à mon reflet, je pris une longue inspiration. Tout ira bien, ça n'allait pas déraper comme par le passé. Mes barrières reconstruites ne lâcheraient pas facilement et ma relation avec Shōto se dresserait en barrage à son enchantement, si d'aventures, il essayait de m'envoûter à nouveau.

Cette pensée calma un peu mon agitation, sans atteindre mon cœur, les appels de son surnom à travers ses battements déchaînés impossibles à ralentir.

Katchan. Katchan. Katchan.

Répugnance. Haine. Malédiction.

Voilà désormais à quoi s'associait ce diminutif sorti de nulle part. Je ne pouvais pas renier tout ce qu'il avait signifié, en revanche, renouer le plus petit contact avec cet idiot n'était pas négociable. Ma santé mentale ne supporterait pas une nouvelle intrusion, un message martelé dès l'usage de mes jambes retrouvé.

Je passais ma main sous le robinet pour déclencher le jet ; l'eau froide sur mon visage agit tel un pouvoir sur mon cerveau et mon corps revigoré. Au bout d'une poignée de secondes, je sentis mes neurones se remettre à communiquer correctement, mes fonctions motrices rendues.

Under : Blue Velvet [Saison 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant