Under : Blue Velvet [Saison 2]

un retour

Habillé des nouveaux vêtements de style steampunk de la marque dont la vente était prévue pour la fin du printemps, Katchan ôtait le souffle à quiconque posait son regard sur lui. On aurait dit un prince des ténèbres des temps modernes, tout droit sorti des enfers, au charme aussi dévastateur qu'irrésistible. Son maquillage de khôl, sa coiffure, même ses anneaux argentés, tout cet enrobage le rendait vraiment magnifique, les images placardées bien pâles à côté de sa représentation de chair et d'os. Une splendide incarnation du péché de luxure, inspirant une ode salace, malgré tout grisante, où une infinité de folles promesses d'ivresse se formaient, foisonnait, se succédait les unes aux autres.

Il n'appréciait pas ce métier toutefois, son talent indéniable, il essayait de s'impliquer, son énergie drainée par ses efforts. Les réunions avec Jeanist, auxquels je ne devais pas assister, portaient leurs fruits, l'équilibre, entre ses contraintes et une approche professionnelle enfin trouvée.

Son arrogance minimisée, la dimension de ce surdoué se modifiait en conséquence. Il ne paraissait plus autant hors d'atteinte, l'accès de sa vulnérabilité latente clos néanmoins, les barricades de ce qu'il imaginait être ses faiblesses trop solides.

Après tant de temps passé à l'observer se contenir, j'étais soulagé de le sentir un peu plus investi, une petite touche directement répercutée sur son pouvoir de séduction. Best Jeanist, ou la personne de sa vie, ces deux individus possédaient une influence positive sur cet idiot, irrécupérable, il y a encore quelques semaines.

Fidèle à mes engagements, je le suivais dans la plupart de ses tribulations nocturnes, et excepté tout ce qui concernait l'agence, l'assister, parfois en secret, se révélait un travail plaisant. Il ne recelait rien d'éblouissant. Tout ce qu'il offrait portait la marque de l'éphémère, une date de péremption, mais la fascination ressentie en voyant l'évolution de cet imbécile dans ce monde me laissait sans voix, en revanche.

Il ne semblait plus autant en souffrance d'emprunter cette voie, tirant parti de l'illusion, les dessous de ce tour de magie petit à petit appropriés. Les outils doucement maîtrisés, il savait piquer la curiosité, faire en sorte qu'aucune paire d'yeux ne se détourne de son spectacle. Il continuait de le considérer comme une corvée, tout en buvant le nectar de ces larmes subjuguées par son talent indiscutable.

Son magnétisme, compilé à ses atouts, éclipsait le décor autour, la plus petite attention était amenée vers lui, les pupilles si enchantées par sa beauté insolente en action, qu'elles désiraient ne rien rater de cet instant de grâce.

Une fois l'égérie placée devant l'objectif, tenue par des mains fiévreuses de mitrailler ce modèle unique, plus rien ne l'arrêtait.

Sur les différentes pages dédiées des réseaux sociaux, supervisées avec l'aide de son manager, ses fans, victimes 2.0, le comparaient à un dieu. Des centaines de déclarations à la gloire de sa sublimité étaient couchées de cette couleur d'encre sur cette toile artificielle.

Si j'étais impressionné, mon avis n'avait pas changé le concernant : Katchan était un imbécile, d'une espèce jamais rencontrée au cours de ma vie ; malgré tout, sa lumière pleinement déployée désormais l'éclairait si bien que je ne pouvais empêcher mon cœur d'émettre une violente pulsation quand son regard sombre fixait l'appareil photo. Je me surprenais même à vouloir lire ses pensées.

Je le sentais, cette oscillation entre nous se confirmait, surtout depuis ce diner où il m'avait invité à ma demande. L'ambiance dépourvue de toute tension, j'avais savouré un tête-à-tête sans question et autres réflexions encombrantes vis-à-vis de cette nouvelle étrangeté ; l'homme face à moi n'avait plus incarné l'enculé qui m'avait brisé. Je pus profiter de la compagnie de mon colocataire, soucieux d'offrir un répit à mes méninges torturées, cette eau salée pratiquement épuisée à force de couler.