Silhouette

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Je me sens un peu mieux, petit à petit. Mes esprits me reviennent, mais tout est encore confus. Je me rends compte que je ne m'étais jamais battue de manière si sérieuse, et que jamais je ne m'attendais à voir une violence si... froide. Et encore, Rodric m'avait souvent rappelé que la noblesse n'existe que dans les histoires... Un frisson me parcoure. Je me racle la gorge, crache dans la mer, puis je me redresse. Le vent marin, glacé et salé, me suspend quelques instants. Apparemment, dans quelques jours il sera possible de marcher, même de courir dessus...

« Garde Amétisse Dorèse, c'est bien cela ? »

Je me retourne immédiatement, et je découvre l'Iskal qui a mené l'opération tout à l'heure. Il me tend la main pour que je me redresse, je la saisis et il m'aide à me relever. Une fois debout, il attend que je remette mon casque, et il reprend la parole.

« Je souhaite que vous restiez pour l'inventaire et la surveillance des marchandises. »

Il ne m'a pas donné d'ordre, je suis surprise. J'ai le droit de refuser ? Certainement une question piège, il vaut mieux que j'accepte.

« Si ça ne pose pas de soucis à ma Capta, je peux rester.

- Ne vous inquiétez pas pour ça. Nos relations sont bonnes, on peut lui envoyer un messager. Suivez-moi. »

Nous partons et bientôt, nous retrouvons les quais de bois. Le navire est en cours de déchargement et la foule est revenue. Plus personne ne regarde ce que nous faisons. Je me demande si Scod a vu l'intervention. Juste au bord des quais de pierre, une petite table de fortune montée avec des planches se tient devant quelques tonneaux fraichement débarqués. Mon supérieur s'assoit derrière cette table, sur une caisse de bois. Puis, il me tend un pied de biche. Très bien, je vais devoir ouvrir tous les tonneaux et toutes les caisses qui passeront...

Je m'attaque à une première boite. Le couvercle vient facilement avec mon outil, et dedans je trouve encore des morceaux de charbon. Mais maintenant, je connais la combine. Je plonge ma main entre les éclats sombres, et je sens le contact glacé du métal. Je prends alors une initiative. Je trouve une caisse vide trainant juste à côté, et je mets tous les charbons dedans. Rapidement, je découvre que les objets métalliques sont des armes. Quelques matraques, des haches et des lames émoussées.

« Cette caisse contient des armes usées.

- Parfait, vous pourriez en faire l'inventaire rapidement ?

- Oui, il y a... quatre matraques de bois renforcées, sept haches et six petits sabres.

- Bien, dit l'Iskal en griffonnant sur un papier avec une plume. Continuez ! »

Je pousse la caisse et je vais prendre un tonneau. Mon supérieur me parle à nouveau.

« D'après ce que l'on m'a dit, vous avez eu un excellent mentor à la garde.

- C'était Rodric, et je ne sais pas si c'est un bon entraineur, mais j'ai beaucoup appris... Vous le connaissez ?

- Evidemment, on est de la même famille... Enfin, lui et moi venons du même orphelinat. Une enfance sympathique, à visiter le petit village de Lotmartle. Puis, des brigands sont venus et ont ravagé la pension afin de « recruter des membres » ... Ils nous ont entrainés pendant des années, et Rodric et moi avons commis quelques escarmouches avant même d'avoir seize ans. Jusqu'à ce le chef de la bande se fasse choper. Pas stupides, Rodric et moi avons accepté de rejoindre la garde. »

Il s'interrompt en voyant que je peux lui faire l'inventaire de ce que j'ai trouvé.

« Vingt-cinq bouteilles d'alcool, mais je ne sais pas lequel... Je ne bois pas de celui-là, seulement de la bière et de certains vins. »

Nevland - cycle des aciers [réécriture en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant