Le poste 13

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Le printemps arrive. Dans peu de temps, les célébrations de la nouvelle année auront lieu. A cette occasion, un tournoi sportif va se dérouler sur la place principale. Les gens regardent les préparatifs, observent les équipes et les athlètes. Enfin, les athlètes... c'est uniquement festif, alors les équipes sont décidées à la va-vite selon des critères arbitraires. Cette année, il y aura une opposition entre la rive Est, la rive Ouest, et les habitants des villages voisins. Autrement dit, un affrontement entre pauvres, riches et paysans. Même si ce jugement est à nuancer, il suinte dans les attitudes des citoyens.

« Alors ce sont eux les représentants de l'Est ? J'espérais qu'ils prendraient une douche avant de venir, ils empestent la misère... »

« Regarde, les champions des riches ils ont plus de graisse que de muscles ! »

« Vivement que les Arêtes soient rasées... »

« Je plains les villageois, ils ne viennent à la civilisation qu'une fois par an et c'est pour perdre lamentablement... »

Mes oreilles résonnent de ces tensions, tout comme des chansons variées qu'entament les artistes itinérants venus célébrer le printemps. J'en reconnais quelques-unes, comme « cœur de bœuf », « le voyage d'Izima » et même « le chant des aciers ». Ces musiques ne me font rien tant je pense à ce que je suis en train de faire : rejoindre des Miliciens, habillée en garde.

Les couleurs sont de sortie, comme la myriade de marchands qui viennent profiter des festivités. J'ai entendu des gens dire que les villages au pied des montagnes étaient reclus sur eux même depuis plusieurs semaines. En même temps, ce n'est pas simple de voyager quand la neige ne laisse dépasser que les toits de maison, et qu'il faut creuser un tunnel dans la glace pour aller voir ses voisins...

Je repère un vendeur de Lemmole. Ces bestioles sont un peu comme des taupes à ce qu'on m'a raconté, mais alors que dans les Hautes-Terres, ce sont des nuisibles, ici ce sont des animaux appréciés pour leur fourrure, leur viande et même pour les chasseurs. Ces bêtes font la taille d'un gros chat, et vivent en creusant des galeries dans la terre, en se nourrissant de vers, de racines et d'autres trucs « sales ». Les éleveurs ont ainsi des grands champs, fermés par un mur de pierre qui dépasse de deux pieds du sol mais s'enfonce à plus de six vers le bas.

Dans ces champs, des colonies de Lemmoles vivent, et la surface est même parfois utilisé pour faire pousser des sortes de poireaux. Quand les colonies sont trop grandes, les Lemmoles commencent à sortir hors de terre pour chercher un nouvel habitat, mais ne peuvent passer les murets. Quand les mottes de terre pullulent, les éleveurs utilisent des chiens fouilleurs pour attraper assez de Lemmole, mais pas trop non plus. Selon Yask, les champs sont immenses, des villes comme Foolstep pourraient y tenir. Il m'a aussi dit qu'aux alentours de Colso, où les terrains sont plus marécageux, ces bestioles sont souvent des petits animaux de compagnie, appréciés pour leur physique assez adorable, et leurs poils doux.

Je repense à ce qu'il s'est passé il y a quelques semaines. Je repense à ce que j'ai lu dans cette lettre, aux relations entre ma Capta et les contrebandiers, à sa dépendance au Kezol. Et je repense à ce que j'ai fait ensuite. Je suis allée voir Junn, et je lui ai remis le message. En échange, il devait protéger mon frère. C'est tout. Je souhaitais qu'on soit tranquille, autant que possible. Mais les paroles du chef de la Milice furent terribles.

« Amétisse, je prendrais soin d'Alek. J'ai cette dette envers toi. Mais voilà ce qu'il va se passer bientôt. Ta Capta sera arrêtée, et l'un de tes collègues deviendra Capta. Nous ferons en sorte que ce soit Rodric. Il est loyal à la Garde, mais il est proche de Smeiss, qui nous a rejoint il y a quelques temps. Ton collègue pourra nous apporter son soutien après quelques négociations. Quant à toi, tu seras vite nommée Iskal. A ce moment-là, hors de question de te laisser totalement en dehors de nos affaires. Tout finira par se savoir, et l'Ovrrul t'en voudra d'avoir fait condamner un soutien. Alors si tu tiens à la vie, reste en contact avec moi. »

Nevland - cycle des aciers [réécriture en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant