Une dernière dette

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Les soleils billent. La ville respire. Le printemps a amené ses changements, bientôt ce sera l'été. Je me suis habituée à la température, et comme les natifs d'ici, j'ai troqué mes tenues chaudes pour des tenues plus légères et douces. Foolstep me semble plus agréable que jamais, et les bouleversements qu'elle a connu récemment n'y sont pas pour rien, je pense.

Depuis que Junn travaille auprès du seigneur, la Milice et la Garde ne font plus qu'un. La criminalité a atteint des niveaux plus bas que jamais, au point qu'on s'ennuie tous un peu... L'Ovrrul a perdu de très nombreux soutiens, et beaucoup de contrebandiers ont été arrêtés. Ceux qui avaient aidé les Miliciens se sont vus autorisés à continuer leurs activités légales, mais pas les illégales évidemment. La gangrène de la ville n'est pas pour autant guérie. De nombreuses personnes ici sont toujours prêtes à payer pour des marchandises frauduleuses, alors les marchands trouvent des moyens. S'ils ne peuvent pas passer par la mer, ils passeront par la terre...

Néanmoins, le port est plus sûr. Et cela se ressent sur le moral des citoyens, des pêcheurs et des paysans. L'activité portuaire est en augmentation, nombreux sont ceux qui se sont enrichis depuis l'hiver. Les contrôles et les interventions sont moins nécessaires, nous pouvons nous concentrer sur les tâches que nous laissions de côté depuis trop longtemps.

Ainsi, grâce à sa notoriété, Junn est parvenu à faire cesser le projet de destruction du quartier des Arêtes. Les quartiers flambant neufs qui devaient prendre leur place seront construits plus tard, en attendant, des dizaines de gardes ont dû contribuer à rénover les bâtisses délabrées du quartier. Il faudra des années, peut être des décennies pour que les Arêtes ne soient plus une plaie béante dans la ville, mais au moins, nous avons commencé à panser cette blessure.

Récemment, le seigneur de Foolstep a annoncé que la nouvelle grossesse de sa femme lui avait fait questionné les choix de Colso concernant le rapprochement avec la Péninsule. Il a affirmé qu'il voulait le meilleur avenir possible pour tous ses enfants, nous y compris. Cette décision a été bienvenue par beaucoup, critiquée par quelques-uns. Quoi qu'il en soit, la ville va mieux. Et une part de moi se sent très fière d'y avoir contribué, même si seul le nom de Junn de Sogaden sera retenu.

Je patrouille dans les rues, au sein d'une effervescence calme. Quelques passants me saluent alors qu'ils négocient ardemment le prix d'une tunique ou d'une caisse de poisson. Là-bas, je reconnais un vieil ami.

« Yask ! »

Il se retourne, et me salue avec un sourire et un signe de main. Je m'approche, et je remarque que son père ne s'occupe pas de son échoppe avec lui. Il est peut-être encore malade. Yask me donne une petite tape sur l'épaule avant d'entamer une discussion.

« Comment tu vas ? Ta blessure est guérie ?

— Plutôt oui, je vais en garder un souvenir pas très beau, mais bon... Je suis toujours là ! Ton père va bien ? »

Son visage se ferme.

« Il... il a rejoint ses ancêtres. »

Pour le réconforter, je le prends doucement dans mes bras. Il étouffe un sanglot, puis m'explique ce qu'il s'est passé.

Son père est décédé il y a quelques jours, d'une rechute de sa maladie. Sentant sa fin approcher, il a décidé de partir en mer et d'y mourir, pour rejoindre sa famille de pêcheurs. Depuis, Yask s'occupe seul de l'échoppe.

« Je vais la vendre, et partir en voyage. L'une des dernières choses que m'a dit mon père, c'est de ne pas avoir peur. Je ne sais pas exactement ce qu'il voulait dire. Mais, je pense qu'il voulait que je puisse enfin voyager. En héritage, il m'a laissé une petite caisse d'économies, et l'échoppe. Dès qu'elle sera vendue, je partirais en voyage.

Nevland - cycle des aciers [réécriture en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant