La citadelle

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« Halte là, l'amie ! Que venez-vous faire ici ? »

Le garde posté à l'entrée vient de m'interpeler. Il est clairement amical, lui et moi faisons le même travail.

« Je viens pour voir Junn, j'ai un...

— Lort Junn de Sogaden, s'il vous plait. »

J'oubliais. L'ancien chef de la Milice a désormais un titre de noblesse. Seuls ses amis l'appellent encore seulement par son prénom... en imaginant que les amis existent dans le milieu de la politique. Je reprends mon explication.

« Je viens transmettre un message à Lort Junn de Sogaden, de la part du Capta Colleart.

— Et vous devez être l'Iskal Dorèse ? »

J'acquiesce.

« J'ai entendu parler de vous, vous avez quelques faits d'armes intéressants ! La ville vous doit beaucoup, et... Moi aussi. Je vous en prie, entrez. Le Lort est occupé, mais vous pouvez patienter devant son bureau. »

Des bruits de course me parviennent dans mon dos.

« Amétisse ! »

Alek ! Mon âme exulte, je me retourne et je le vois arriver, sain. Je lutte de toutes mes forces pour ne pas le prendre dans mes bras sur le champ. Il halète, et bredouille devant moi et le garde.

« Je... Enfin, je voulais visiter la Citadelle... Tu m'avais promis de me faire visiter, et on m'a dit que tu y allais... »

Pendant un instant, j'ai eu peur qu'il ne révèle accidentellement mon mensonge. Mais tout va bien. Je me tourne vers le garde en sentinelle, et il semble amusé de la scène. Il réfléchit, puis s'adresse à moi.

« Ce n'est pas vraiment autorisé, mais bon... Je vous dois bien ça, Iskal Dorèse ! Deuxième étage, au bout de l'aile droite. Ne cassez rien surtout ! »

Il s'écarte et me laisse pousser la porte. Nous entrons dans la splendide demeure du seigneur, où vivent également officieusement les Lorts commandants comme Junn, trop occupés pour rentrer chez eux la nuit. Je reste quelques instants figée à quelques pas du seuil. Le plafond est assez haut dans l'entrée, et quelques colonnes soutiennent les voutes de la structure. Les couleurs du pays tapissent les murs, et même si ces couleurs sont agressives, elles sont incroyablement harmonieuses ici.

« Excusez-moi, veuillez laisser vos armes ici. »

Un jeune garde s'est approché sans que je ne le remarque. Il tient une corbeille de bois. Je retrouve mes esprits, et j'ôte ma masselame. Je cherche ma pointe de défense, mais je ne la trouve pas. Je tourne la tête, et je me rends compte que mon fourreau est vide. J'ai dû l'égarer chez Junn...

« Oh, je suis bête. J'ai laissé ma pointe au forgeron pour la réparer. »

Le planton à la corbeille hausse les épaules, et après avoir légèrement palpé mon frère et mon sac, il me demande mon nom, puis s'écarte, et va ranger mon arme. Je me concentre sur mon objectif : disparaitre.

Comme si de rien n'était, nous montons vers le bureau de Junn. Les marches de pierre résonnent sous nos semelles. Il vaudra mieux pour nous que l'on marche pieds-nus pour ne pas nous faire repérer. Je croise une femme vêtue d'habits nobles, et je sens son regard, lourd, sur nous. On vient de la plèbe, et j'ai l'impression de tacher la beauté des lieux par ma simple présence.

Après avoir traversé un couloir plus sobre, on se retrouve devant le bureau de Junn. Et maintenant ?

Je regarde autour de moi. Mon frère réfléchit mais est aussi perdu que moi. Il faut vite qu'on se cache dans un endroit sûr et qu'on y attende la nuit.

Nevland - cycle des aciers [réécriture en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant