La garde

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Je suis abasourdie. Devenir garde veut dire une paye stable et certainement quelques pièces en plus qu'en déchargeant des caisses et des tonneaux. Je n'hésite pas un instant et je réponds oui avec mes tripes. La femme en face esquisse un sourire puis s'adresse à moi en Nevlandais.

« Nous vous faisons là un cadeau. Normalement nous n'allons pas chercher nous-mêmes les nouveaux gardes. Suivez-moi. »

Elle se lève, et nous sortons de son petit bureau. Je comprends alors que je vais avoir droit à une petite visite des lieux.

« Cette pièce était mon bureau, personne n'est autorisé à y entrer sans mon accord. Comme vous l'avez vu, il est restreint, comme tout ici. On s'y fait. Nous sommes maintenant dans le hall, il est assez bas pour qu'il fasse plus chaud. Suivez-moi. »

Juste à côté de son bureau, une autre porte se trouve. La capitaine (j'imagine que c'est son grade) sort des clés puis ouvre la porte. A l'intérieur, un âtre à braises, et différents équipements dans un coin.

« La place chaude ne sert pas beaucoup, puisque l'on passe beaucoup de temps dehors. Mais elle a son utilité : on y dépose ce qui nous encombre. »

Dans cette pièce, il n'y a aucune teinture. Les murs de ce bâtiment sont pratiquement à nus, mais cette pièce est pire. Elle semble manquer cruellement d'entretien, vu la petite couche de poussière et de suie qui recouvre la pierre. Une petite ouverture grillagée vers l'extérieur avec un chiffon dessus permet visiblement d'aérer. Ça sent la cendre, mais je sens aussi une petite odeur discrète que je ne connais pas, un mélange de porc grillé et de caramel.

La capitaine ferme la porte, et se tourne vers la suivante. La pièce derrière est l'entrée de la tour, je le devine aux murs arrondis. En passant le seuil, je remarque à quel point ses murs sont épais. Un trou au travers ferait la longueur de mon bras. Pourquoi donc construire des murs si épais si personne n'attaque jamais les rives de Nevland ?

Dans la tour, un escalier en hélice, avec un étage en bas, mais pour le moment nous montons. Derrière une deuxième porte épaisse en bois, une grande salle sans pièce en plus. Au milieu, sur une petite cloison de bois, il y a des équipements, des armures et des lames, mais en comptant en détail, je pense que cela ne correspond qu'à cinq ou six gardes. Les murs donnent sur les mâchicoulis, lesquels ne me semblent pas très pertinents si près du sol. En y regardant de plus près, je vois que les ouvertures sont très fines. Le mécanisme de la herse se trouve près d'un garde assis. La vis remonte la grille à l'aide de deux chaines, et je me dis que ce garde doit être assez balèze pour s'en charger seul. Il ne porte pas la même armure que les gardes que l'on voit d'habitude, et il n'a pas de casque.

Le plancher de bois grince sous mes pas. Le garde de la herse me jette un regard rapide, puis détourne la tête. Je remarque que proche de lui se trouve une corne d'alerte. Ce n'est pas ce cor qui sonne l'heure, celui-là ressemble à ceux qu'utilisent les soldats lors des batailles. Je l'ai vu en dessin il y a bien longtemps... ce cor a l'air d'être neuf.

« Ici, c'est l'armurerie de secours, et le poste de défense. Nous n'allons pas y aller, mais la tour donne sur un espace de défense en haut. Suivez-moi en bas. »

On retourne dans les escaliers de la tour, cette fois en s'enfonçant dans le sol. Nous descendons l'équivalent de deux étages sous la surface, et derrière une porte en bois plus fine que les autres, un dortoir. Il y a sept lits en bois assez simples, avec des couvertures tout aussi simples. Les murs sont toujours en pierre, mais cette fois, quelques décorations sont présentes près de chaque lit. Une teinture ici, une statuette sur une petite table basse... Au pied de chaque lit se trouve aussi un coffre, et un présentoir pour une tenue de garde et une arme l'accompagnent.

Nevland - cycle des aciers [réécriture en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant