.III.

105 12 0
                                    

Les ronces grandissent, emprisonnent mes poignets.

Je suis pris au piège, je ne peux plus bouger.

Qui va me tendre cette main, malgré mes cris ?

Qui m'aidera ? Nul ne peut venir jusqu'ici.

*

*

*

    Je suis immobile. Depuis ce matin, je n'ai pas bougé d'un poil. Je pince ma lèvre inférieure, les souvenirs d'hier me reviennent. Après avoir préparé les chocolats chauds, mon frère est venu s'asseoir près de moi, sans un mot. Le silence est d'abord resté intacte pendant plusieurs minutes. J'avais la gorge nouée, comme si un milliard de clous étaient plantés en même temps. Je serrais la tasse bouillante contre moi, afin que cette chaleur ne s'éloigne pas de mon corps froid. J'avais fini par casser ce silence.

« Je suis désolé. » Ai-je alors sorti, honteux.

     Mon frère avait secoué la tête comme pour insister que je ne devais pas être désolé. Il avait posé sa main sur mon épaule, et à ce toucher, il avait juste dit :

« Tu devrais manger plus. »

    Puis, nous avions fini de boire nos tasses en silence, avant de partir chacun dans nos chambres respectives. Je me sens encore un peu mal à l'aise vis à vis de mon frère. Ce pourquoi je ne suis pas sorti de mon lit depuis ce matin. Junmyeon est parti travaillé depuis dix minutes maintenant, je devrais sortir. Je lâche un profond soupir et me redresse. A ma droite je remarque le reste de la poudre blanche que j'ai consommé hier soir. Je secoue la tête. Je suis tiraillé entre l'envie d'en prendre et l'envie de repousser la chute. Je ferme les yeux un instant et sors d'un pas rapide de ma chambre. Je ne peux pas en prendre maintenant, mon frère rentre pas trop tard et je vois ma mère cet après-midi, si elle me voyait dans cet état de post-euphorie, elle ne voudra sûrement plus jamais me voir. 

    J'arrive dans la cuisine. Je m'approche d'un placard et sors de quoi me remplir l'estomac. Pendant que l'eau bouille, je récupère mon téléphone et enclenche une musique au hasard. Ce qui est étrange chez moi, c'est que je suis quelqu'un de solitaire, pour autant le silence de la solitude m'effraie. J'ai la sensation de me faire aspirer par mes pensées, souvent néfastes. Et cela depuis près de deux ans. En effet, j'ai été diagnostiqué avec un trouble dépressif majeur, avec une forte exposition aux crises d'anxiété. C'est comme cela, la vie en a décidé ainsi. Et depuis ce diagnostique, mon frère semble différent avec moi, il joue maintenant plus le rôle de protecteur que de grand frère, et ma mère, est constamment inquiète pour moi, alors qu'elle devrait s'occuper de sa santé. Quand on est atteint d'une leucémie aiguë, on fait attention à soi. 

    Je verse ma préparation dans mon assiette et m'assois face à cette dernière. Je mâche sans trop de conviction ce que j'ai préparé. La cuisine de Junmyeon est meilleure. Je récupère à nouveau mon téléphone et découvre un message de Kyungsoo, me disant qu'il pouvait me passer les cours. Je le remercie rapidement et lance une nouvelle musique laissant mon esprit divaguer avec elle. C'est le pouvoir propre des chansons, les paroles, l'instrumental, la mélodie nous transportent dans un autre monde, souvent plus beau où alors, ils nous ramènent à cette nostalgie et mélancolie soudaine, où les différents souvenirs se confondent hasardeusement dans notre tête. Des bons comme des mauvais. Des récents comme des plus anciens. Les souvenirs sont intemporels, ils sont éternels, et réapparaissent de temps à autres, quand une odeur, un son, une parole, un lieu est attaché à eux. C'est peut-être pour cela que j'ai commencé à consommer. Cette euphorie de mes souvenirs me revenaient, je ne voulais plus la quitter, je me sens tellement bien durant ces moments de joie. Des sensations me transpercent le corps, me font sentir vivant, ou alors, elles m'amènent à ma tombe.

RESPIRE [ChanBaek]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant