Incertitudes

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Combien de temps était-elle restée assise adossée sur sa porte d'entrée ? Des minutes ? Des heures ?

Hinata se passait et se repassait le film de ce qu'il venait de se passer, encore et encore. Elle ne savait pas comment réagir à tout ça. Naruto avait l'air sincère, il donnait l'air de vraiment penser à ne pas la dénoncer à tout le monde... Mais elle manquait tellement de confiance en elle que les déclarations du beau blond lui semblaient un peu trop belles pour être honnêtes.

De la part d'un mec à qui tout réussissait, même s'il disait le contraire, c'était bizarre. 

Même si elle l'aimait, elle ne pouvait pas lui faire confiance...

Personne d'autre était au courant, et c'était tellement mieux comme ça... Ses chances de se faire griller venait d'augmenter de manière exponentielle. Cette dernière année lui sembla une montagne infranchissable. Il lui fallait prévoir quelques plans, histoire d'assurer ses arrières.

En attendant, la jeune femme se leva et vaqua à ses occupations. Ce n'est que plus tard, dans son lit, qu'elle ressassa encore cette histoire et laissa cette fois le côté plus sensuel prendre le dessus...

Avec un soupir, Hinata se souvint de sa propre stupeur quand elle avait ouvert la porte sur lui, de son stress quand il l'avait poussée alors qu'elle souhaitait la lui claquer au nez... Puis de ce tourbillon fiévreux dans lequel il l'avait entraînée. C'était bien la toute première fois qu'un homme l'étreignait, et elle était loin de s'imaginer à quel point le désir pouvait être ensorcelant.

Avec un petit sourire, elle songea au fait que Naruto soit l'auteur de son tout premier baiser. Il l'avait serrée contre lui si fort... Son propre corps en portait encore des traces invisibles. La chaleur de ses bras lui manquait et elle aurait bien voulu y rester un peu plus longtemps.

Ses digressions romantiques furent interrompues brutalement par la sonnerie stridente de son portable. Hinata se redressa, rougissante, et attrapa l'appareil pour voir qui l'appelait à cette heure tardive, espérant que cela soit cet homme auquel elle pensait à l'instant...

Mais le nom affiché sur l'écran lui fit perdre toutes ses couleurs. Blême, la respiration bloquée, elle appuya sur le bouton vert pour répondre.

- Bonsoir Père.

Sa voix tremblante et basse dissimulait autant que possible une tempête d'émotions plus complexes qu'elle ne pouvait se permettre de montrer...

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Le lendemain matin, Hinata ne se rendit pas en cours.

Sur ordre de son géniteur, elle dut se rendre à son cabinet pour un rendez-vous qu'il lui avait imposé. Pour se faire, il lui avait ordonné de porter un tailleur féminin, des talons plats et d'attacher ses cheveux en chignon afin de montrer une apparence soignée. Dans ces vêtements dignes d'une surveillante de pension, elle avait la sensation vraiment désagréable de se faire manipuler encore.

Jamais elle n'avait pu aller à l'encontre de ses décisions. Hiashi n'était pas un homme facile à affronter, et il valait mieux se soustraire à son emprise plutôt que le défier ouvertement. S'enfuir...

La brune ne rêvait que de ça. Mais tant qu'elle n'avait pas son diplôme en poche, c'était hors de question. Il lui restait à jouer la petite comédie de la fille docile pour qu'il ne puisse pas se douter de ses futurs projets. Hanabi lui disait qu'elle était encore plus courageuse qu'elle, ce dont elle doutait.

- Ha, Hinata ! Je suis ravi que tu aies pu venir.

Sous-entendant : "si tu n'étais pas venue, j'aurais été obligé de sévir." Son père n'avait jamais été un tendre. Il l'était depuis leur enfance et ne s'était pas bonifié en vieillissant. Même leur mère avait pris des dispositions avant sa mort pour ne pas laisser ses filles sous la coupe de ce vieil acariâtre.

- Bonjour, Père.

Hinata se pencha en le saluant, le visage figé. Quand il l'avait appelée la veille, ce sentiment persistant de catastrophe imminente ne la lâchait plus. Une sensation d'oppression lui serrait la poitrine mais la brune avait appris à cacher tout ce qui pouvait se retourner contre elle à la moindre occasion.

Une fois, on l'avait traitée de poupée vide... En présence de son père, c'était surtout un instinct de survie puissant. Il le fallait pour s'en sortir indemne.

- J'ai quelqu'un à te présenter. Tiens-toi droite et souris.

Elle obéit de manière automatique, connaissant déjà le châtiment en cas de rébellion. Entre cette mascarade et celle du lycée, la jeune femme aurait largement préféré subir la seconde.

- Hinata, je te présente Otsutsuki Toneri. C'est le fils de mon amie Otsutsuki Kaguya.

- Enchantée.

Le-dit Toneri avait l'air bien pâle. Il ne souriait pas, la jaugeait du regard comme un éleveur jaugerait une jument. La colère l'enflamma mais Hinata l'ignora pour le moment. Il lui tendit la main et elle la serra de manière impersonnelle.

- De même, Mademoiselle Hyuga.

Hiashi avait un sourire très faux mais trop enthousiaste aux yeux de la brune. La déclaration qui suivit la laissait horrifiée.

- Vos fiançailles seront annoncées un mois avant la remise de ton diplôme.

Et sa promesse de la laisser tranquille pendant sa dernière année d'étude ? Hinata aurait dû s'en douter. Son père ne pouvait s'empêcher de lui barrer la route. Elle ne lui fit pas le plaisir de lui adresser un regard peu amène, gardait une attitude neutre, fruit de tant d'années à subir une éducation plus que sévère.

Il lui tardait cependant de s'en aller pour oublier cette mascarade. Hiashi souhaitait la marier à une relation d'affaires, elle le savait parfaitement. Mais elle ne se laisserait pas faire. C'était sa propre vie, son avenir, et il était hors de question que son père la manipule à son aise.

L'image d'un blond souriant passa devant ses yeux et lui donna assez de courage pour supporter cette comédie grotesque. La jeune femme se demandait comment il réagirait s'il était au courant de ce qu'il était en train de lui arriver...

Ne m'approche pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant