Lorsque nous apercevons le village, un voile orangé le teinte déjà. Une délicieuse odeur de barbecue flotte jusqu'à nous. La dernière fois que j'ai mangé des grillades remonte au jour du tournoi des Alphas... Celui où Zack a changé ma vie. Ai-je vraiment fait le bon choix ? Si seulement tu pouvais être là, maman... Tu es partie bien trop tôt, nous avions encore besoin de toi.
- Tu viens, Elisabeth ? Le Clan organise une petite soirée.
La voix de l'Alpha me tire de mes pensées, et je le rejoins aussitôt. Plus nous nous enfonçons dans le village, plus la musique devient audible et plus l'odeur me met l'eau à la bouche.
Tout le monde est là, assis sur les tables de pique-nique, pas loin d'un joli feu de bois crépitant.
- Vous revoilà enfin, dit Gabin. On a failli ne pas vous laisser de brochettes.
- Ce n'est pas grave, c'est toi qu'on aurait cuit à la broche dans ce cas, répondit l'Alpha avec amusement en s'asseyant aux côtés du Beta.
Il n'y a plus que moi debout, et alors que j'allais discrètement partir sous la gêne qu'occasionne cette situation, Gaëlle m'interpelle:
- Ramène tes fesses, gamine. Il nous reste suffisamment de grillades pour tout le monde.
Avec une moue qui se veut souriante, je m'assois en bout de table, à côté de Gaëlle qui pousse sans ménagement sa voisine pour me faire de la place. Roxanne fronce les sourcils, mais se décale tout de même, retirant par la même occasion, sa main du torse de mon petit frère. Je n'ai pas le temps de question mon frère d'un regard qu'une assiette se pose devant moi, m'envoyant toutes ses effluves de viandes grillées.
- T'as bien mérité ça après ton entraînement. On sait qu'Evan peut se montrer difficile, donc si tu veux en reprendre ne te gênes pas, c'est amplement gagné.
Gaëlle me fait signe de manger, tandis qu'elle-même reprend un maïs disposé sur un plat au milieu de la table. Timidement, j'entame mon assiette plus que succulente. Le grillé croque sous ma dent, pendant que le savoureux goût de la viande se répand dans ma bouche.
Un rire s'élève en bout de table, et je relève la tête de ma nourriture pour en voir l'auteur qui n'est autre que Gabin qui s'amuse à embêter l'Alpha à coups de coude. Par la même occasion, j'aperçois Roxanne qui chuchote quelque chose à l'oreille de mon petit frère, la main posée sur son bras. Face à cette scène, je fronce les sourcils. C'est alors que quelque chose touche mon avant-bras à répétition. Je reporte mon attention face à moi pour réaliser qu'Anouk, toute souriante, me montre son carnet sur lequel est griffonné: « Tout va bien ? ». J'opine en guise de réponse, mais elle ne s'arrête pas là et enchaîne: « C'est à cause de Roxanne ? ». J'incline la tête, pas sûre de comprendre. La dessinatrice me montre alors une nouvelle page fraîchement écrite: « Elle est comme ça depuis que Maël est entré chez nous. Mais ne t'en fais pas, Roxanne est sympa, elle ne blessera pas ton frère. Depuis que—» Soudain, une voix stridente interrompt ma lecture. Je tourne brusquement la tête dans sa direction, et aperçois une belle femme courir vers nous. Un soupir se fait entendre parmi la tablée, et la femme est déjà là. De sublimes cheveux bruns tombent en cascade sur ses épaules, tandis que ses yeux verts semblent ardemment chercher quelque chose, jusqu'à ce qu'ils se figent sur moi. Un énorme sourire étire ses lèvres et la femme fond sur moi pour m'enserrer dans ses bras. Je me raidis immédiatement en tentant de discrètement me dérober à ce contact. La femme se redresse alors, mais ne lâche pas mon regard pour autant.
- Maman...
Elle relève brusquement la tête vers la voix masculine située au bout de la table, et s'empresse de débiter ses mots:
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Sans Prétention
ParanormalDepuis toute petite, Elisabeth n'a connu que le Clan Rubis, que leurs doctrines, que leurs coutumes, que leurs manières. Etaient-elles normales ? Etaient-elles justes ? Mais au fond, qu'est-ce qui est normal, qu'est-ce qui est juste ? Elisabeth ne s...