J'ouvre péniblement les yeux, sentant mon corps peser contre le sol, tandis que le bruit continu de la climatisation ne parvient pas à camoufler la discussion animée entre deux personnes dont les voix me sont inconnues. Je ne comprends aucun mot à cette discussion, n'ayant jamais appris le russe, qui je suppose, est leur langue natale. Une odeur de sang imprègne la moquette, mais aussi l'agréable parfum de lavande, de pin, et de mousse.
Avec peine et douleur, je parviens à redresser la tête. Après la mise au point de mes yeux, je distingue le même homme imposant que la dernière fois et une femme que je n'ai jamais vu. Des cheveux bruns lui encadrent le visage dans un carré plongeant parfait, contrastant avec toutes les cicatrices, mais aussi les bandages légèrement ensanglantés, que dévoile son t-shirt à manches courtes kaki parfaitement assorti à son pantalon militaire et ses rangers.
Les deux personnes tournent la tête vers moi, et la femme s'approche avec un sourire rassurant.
- Tout va bien, котёнок, tu es en sécurité avec nous, dit-elle avant de s'accroupir devant moi. Tu as l'air d'avoir de nombreuses blessures, mais nous ne pouvons rien faire pour le moment. Nous avons juste pu désinfecter celles qui étaient superficielles. Le plus facile serait que tu te retransformes mais il semblerait que tu ne puisses pas encore le faire. Tu verras, quand tu le pourras, cela se fera sans même te prévenir. Pour l'heure, est-ce que tu souhaites manger ?
Je ne réponds pas, mais la femme prend cela comme une réponse car elle me ramène un sachet rempli de barres protéinées. Elle en ouvre un et la dépose devant moi. Je l'observe pendant un instant, puis finis par la manger. Sa saveur chocolatée se répand da ma bouche tandis que mon estomac se réveille après un jeûne. La femme me redonne des barres que je m'empresse de manger.
- Comme te l'a dit Marvik, je m'appelle Irina. Nous démantelons les réseaux de combat de Métamorphes, et nous traquions ce groupe depuis plusieurs mois, dit-elle en me donnant une autre barre. Ce réseau est vraiment très étendu et les affaires semblent bien marcher. Des trappeurs se chargent d'attraper des Métamorphes, bien entendu plus ils sont rares plus ils sont intéressants et donc attirent le public. Ce public est principalement composé de riches personnes en manque d'adrénaline. Tu as surement dû le remarquer mais c'est aussi le lieu de gros paris, et même d'achat de Métamorphes. Les Métamorphes trop faibles finissent par être vendus aux enchères à des prix astronomiques, ce qui fait tourner ce réseau. Il arrive même que des Métamorphes soient directement achetés pour plusieurs millions d'euros dès leur arrivée. Bien entendu, tu te doutes qu'aucun d'entre eux ne s'en sort gagnant, soit tu meurs au combat soit tu dépéris aux mains d'une personne fort peu sympathique.
La femme se relève et retourne vers la petite table sur laquelle sont disposés tout un tas d'objets. Alors qu'elle s'apprête à prendre un bol, un étrange fourmillement court tout le long de mon corps et je sens celui-ci se changer contre mon gré. La torsion de mes muscles et la compression de mes organes m'arrachent un râle qui se transforme en un faible gémissement lorsque je me maintiens au sol à l'aide de mes mains couvertes de sang. Néanmoins, je m'écroule contre la moquette lorsqu'une douloureuse décharge irradie mon épaule. Par réflexe, j'y porte ma main mais grince des dents à ce contact. Marvik me dévisage avec de grands yeux inquiets, tandis que Irina accourt vers moi, délaissant le bol sur la table à toute hâte.
- Ca va aller, s'empressa-t-elle de me rassurer.
La seconde d'après, Marvik tend un flacon et des compresses à la femme accroupie face à moi. Cette dernière ouvre le flacon pour imbiber une compresse afin de nettoyer mes plaies, ou plutôt tout le sang qui me recouvre. Cependant, lorsque la surface froide du tissu touche ma peau, j'ai un brusque mouvement de recul, m'appuyant contre le mur de la chambre comme pour m'y enfoncer.
VOUS LISEZ
Sans Prétention
ParanormalDepuis toute petite, Elisabeth n'a connu que le Clan Rubis, que leurs doctrines, que leurs coutumes, que leurs manières. Etaient-elles normales ? Etaient-elles justes ? Mais au fond, qu'est-ce qui est normal, qu'est-ce qui est juste ? Elisabeth ne s...