J'heurte violemment la surface de l'eau glaciale, me cognant la hanche contre un rocher. Je glapis péniblement, et sens déjà les rapides m'emporter avec violence. Le Lion en amont fait les cent pas tout en me fixant.
- Tu as beau être une bâtarde, tu es à moi, résonna en moi la voix de Zack. Tu me reviendras, Elisabeth, tu me reviendras.
Un courant m'engloutit brusquement et je tente de m'accrocher aux rochers sur mon passage. Cependant, je glisse à chaque tentative, mais finis au moins par me propulser à nouveau à la surface. J'inspire profondément, donnant de désespérés coups de pattes pour me maintenir en surface tandis que le courant m'entraîne en aval avec force. Les courants se rencontrent et me coulent, ils me tapent contre les rochers auxquels j'essaie toujours de m'agripper, et m'épuisent affreusement. A cela s'ajoute le froid qui commence à pénétrer ma peau, ma chair, mes os. Mes membres commencent à douloureusement s'engourdir, tandis qu'un tas de fourmillements se répand dans mon corps à chaque choc.
C'est alors que j'aperçois que le courant qui m'entraine glisse près de la berge. Dans un ultime effort, je donne de grands coups de pattes pour essayer de joindre la terre ferme, mes griffes se raclant sur les graviers à chaque mouvement. Je remarque aussi une branche d'arbre qui pend près de la berge. En passant devant elle, je l'attrape de mes crocs dans l'espoir de me hisser sur la terre. *CRAC* La branche cède sous le courant qui s'intensifie, et je suis à nouveau emmenée au loin, éloignée de la berge. Cette fois, je n'arrive plus à me maintenir en surface, le froid et la fatigue me rongeant mortellement. C'est à ce moment que le remous du courant s'insinue jusque dans mon esprit, que la forêt s'éloigne, et que tout devient aussi noir que froid.
***
Des voix, oui, ce sont des voix. Sont-elles loin, sont-elles proches ? Elles m'ont l'air lointaines. Ou peut-être est-ce moi... Ah elles se rapprochent, avec des pas.
- Hé, regardez ! Quelqu'un est échoué sur la berge.
Plusieurs pas s'approchent, mais je ne peux rien faire. Peut-être est-ce mieux ainsi ? Maman nous a toujours dit que si nous nous retrouvions seuls face à un Clan nous ne devions rien faire qui puisse nous mettre en danger. Elle avait listé plusieurs choses dont: grogner, montrer les crocs, insulter, taper, parler, sourire, rigoler, ou même regarder dans les yeux. Alors je ne bouge pas. De toute manière, je n'en ai pas la force, le froid me paralyse et mon corps est raidi par une douleur diffuse. Toutefois, je sens mon visage plus douloureusement que le reste, il me brûle sournoisement.
- Eh bah, c'est pas joli joli tout ça.
Je perçois quelqu'un s'accroupir devant moi, ainsi que plusieurs silhouettes qui me dissimulent aux rayons du soleil couchant.
Une main vient délicatement reculer les mèches collées sur mon visage, comme si celui-ci peut exploser au moindre mouvement brusque, puis quelqu'un siffle entre ses dents.
- On l'a pas loupé.
- Ça ressemble beaucoup aux griffures qu'un gros félin pourrait faire.
- Je trouve aussi.
- Ma pauvre...
- Regardez ces marques là.
On dégage ma nuque de la lourde masse que représentent mes cheveux trempés, et il y a un nouveau sifflement crispé.
- Ça sent mauvais, Evan, tu ne trouves pas ?
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Sans Prétention
ParanormalDepuis toute petite, Elisabeth n'a connu que le Clan Rubis, que leurs doctrines, que leurs coutumes, que leurs manières. Etaient-elles normales ? Etaient-elles justes ? Mais au fond, qu'est-ce qui est normal, qu'est-ce qui est juste ? Elisabeth ne s...