Chapitre 54 : C'est plus que ça

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Au pied des trois marches menant au perron, je contemple la porte du chalet. L'Alpha se trouve très probablement derrière. Le chant des criquets et les conversations animées qui ont lieu en arrière-plan me ramènent sans cesse à cette porte. Je ne peux pas faire demi-tour maintenant, d'ailleurs je ne le veux pas. Alors pourquoi j'hésite ? Pour cette sublime pierre bleue ? Pour le dérangement que peut occasionner ma visite ? Pour le sentiment de ne pas être légitime de tout ce que m'offre ce Clan ? Ou alors est-ce—

- Elisabeth ?

Tirée de mes pensées, je relève la tête vers l'Alpha qui m'observe avec curiosité et un semblant d'agréable surprise.

- Tu veux entrer ?

- Je... Je voulais te remercier, dis-je en posant un peu trop prestement un genou à terre et en rivant mon regard sur la première marche du perron.

Un silence s'en suit. Il n'a rien d'oppressant, il est loin des silences qui pouvaient régner au Clan Rubis. Non, celui-ci est comparable à l'agréable silence d'une forêt endormie un soir de nuit étoilée. Puis des pas descendent les marches en bois, avant que des chaussures entrent dans mon champ de vision. C'est alors qu'une main se pose sur ma tête. Je sursaute légèrement à son contact, et ce, malgré moi. La seconde d'après, l'Alpha est accroupi devant moi, sa main glissant jusqu'à mon biceps en évitant mon épaule encore blessée.

- Tu fais partie du Clan, alors bien évidemment que nous allions venir te chercher. On ne laisse jamais tomber les nôtres.

Une agréable chaleur m'embaume, s'intensifiant lorsque je croise le tendre regard de l'Alpha. A cet instant, un petit sourire étire les lèvres de ce dernier avant qu'il approche sa main de mon visage. J'ai un mouvement de recul, mais ses doigts rencontrent finalement ma joue. A cet instant, je réalise honteusement que des larmes glissent sur mes pommettes. Je m'empresse de les essuyer, bien qu'avec maladresse.

- Pa... Pardon, bredouillai-je.

- Ne t'excuse pas pour ça, Elisabeth. Ça serait même à moi de m'excuser pour ne pas avoir su correctement te protéger. Oui, excuse-moi...

A ma plus grande surprise, l'Alpha saisit doucement ma tête et dépose un léger baiser sur le haut de mon front. Face à ce geste, je me fige, ne sachant absolument pas comment réagir.

- Et si nous allions faire un tour en forêt ? proposa-t-il. Je t'avoue ne pas vraiment avoir eu le temps de me reposer ces derniers temps, toi non plus je suppose... Alors quoi de mieux qu'une balade nocturne en forêt avec ce ciel dégagé ?

- Je... Je veux bien.

L'Alpha se relève en m'aidant par la même occasion, et nous traversons le village comportant tantôt des maisons endormies tantôt des maisons animées, avant de rejoindre la lisière de la forêt. Les criquets et les grenouilles accompagnent notre marche tandis que la lune et les étoiles veillent sur nous. Les effluves de pins et de chaleur terrestre embaument l'air du nocturne, et de légères brises m'amènent parfois cette douce odeur de cacao et de terre humide.

- Anouk m'a raconté ce qui s'est passé, commença mon compagnon de route en enjambant une racine saillante. Elle m'a dit avec quel courage et bravoure tu t'es jetée sur les trappeurs pour lui permettre de s'échapper du filet. Ton courage force mon respect, du moins, plus que tu ne l'as déjà. Tu as beaucoup évolué, tu peux en être fière. Nous, nous en sommes tous très fiers. J'espère sincèrement que tu trouves ta place.

- À ce propos.

Je m'arrête à côté d'un imposant chêne, et l'Alpha se stoppe à son tour pour m'observer avec curiosité. Un hululement perce le silence de la nuit, et je sors un objet de ma poche. Un objet longtemps gardé, perdu, puis retrouvé. Alors après une profonde inspiration, je me lance :

Sans PrétentionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant