Chapitre 24: Cachés

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Je suis Zack à travers la forêt qui se fait silencieuse sur notre passage. Nous marchons depuis pas mal de temps déjà, je commence à fatiguer et mes blessures continuent à me lancer. Celle sur ma hanche est la plus douloureuse, surement car la plus sollicitée. Je presse donc dessus et grimace, ralentissant mon pas par la même occasion. Zack s'arrête et se retourne vers moi.

- Tout va bien, Elisabeth ?

J'hoche la tête et m'avance vers lui. Toutefois, il ne reprend pas la marche. A la place, il pose sa main sur mon épaule et me guide jusqu'à un arbre où il m'intime de m'asseoir.

- On n'a qu'à faire une pause.

Je m'assois lourdement contre le tronc, prenant une grande inspiration. Mes blessures me tiraillent mais je contiens ma douleur en serrant les dents. Zack s'accroupit face à moi et prend mon menton entre ses doigts.

- Tu m'as manqué pendant ton absence. Même si j'aurais préféré que tu reviennes plus tôt, je suis ravi que tu sois à nouveau là.

Il se penche en avant et presse ses lèvres contre les miennes. Ces dernières descendent jusqu'à mon cou, puis jusqu'à ma poitrine.

- Marraine sera ravie.

Ses lèvres s'appuient un peu plus fort sur ma peau, et sa main vient glisser dans ma nuque pour la saisir. Il remonte sur ma bouche pour me mordre la lèvre, avant de renverser mon buste sur le tapis de feuilles. Ses doigts glissent sous mon t-shirt tandis que ses baisers se font avides et désireux. Je vais rentrer chez moi, je vais les revoir, petit frère, Marraine, et Père. Enfin...

                                                           ***

Sa main autour de mon coude, Zack m'entraîne vers notre village. Et lorsque je finis par l'apercevoir entre de nombreux arbres, mon coeur se gonfle de joie.

- Père veut te voir, m'annonça Zack.

Un sourire incontrôlable étire mes lèvres. Père...

Les enfants courent dans tous les sens en rigolant, tandis que les mères parlent entre elles, toujours en gardant un oeil attentif sur les petits. Mon Clan, je suis chez moi ! Zack me conduit jusqu'au grand chalet de Père, et toque deux fois. La porte s'ouvre rapidement, dévoilant l'imposante carrure d'un homme aux apparences de trappeur avec sa balafre sur le visage. Je lui souris de toutes mes dents, et ne peux m'empêcher de me dérober à la prise de Zack pour prendre Père dans mes bras.

- Je suis si heureuse de vous retrouver !

- Merci, Zack. Je pense qu'on va laisser Elisabeth tranquille pour aujourd'hui.

- Très bien, Père.

J'entends Zack descendre les marches du perron, puis partir. Je me décolle de Père afin de le regarder avec un grand sourire.

- Allons discuter à l'intérieur.

Père me conduit dans son grand salon composé de beaux meubles en bois et de canapés en cuir. Je m'assois sur l'un d'entre eux, et Père part dans la cuisine mitoyenne pour me ramener un verre d'eau. J'accepte poliment et en bois une gorgée.

- Parlons de ce qu'il t'est arrivé.

Père s'appuie contre le rebord de la cheminée en pierre, les bras croisés sur sa large poitrine.

- Je t'écoute, Elisabeth.

- Heu... Je me suis perdue et j'ai glissé dans la rivière. Après, le Clan Saphir est venu m'aider. Ils m'ont hébergé le temps que je rentre ici.

Je baisse la tête, les yeux rivés sur mes mains qui jouent nerveusement entre elles. J'entends Père soupirer avant de se rapprocher.

- Zack a été bien trop gentil avec toi, Elisabeth... Yasmine était pareille que toi au début.

A l'évocation de maman, je relève brusquement la tête vers Père. Il se tient face à moi, les bras toujours croisés, et me regarde de toute sa hauteur.

- Mais au moins Yasmine n'a jamais quitté le Clan.

La voix de Père est tranchante comme jamais je ne l'ai entendu, ce qui me fait tressaillir de la tête aux pieds. Je reporte instantanément mon regard sur mes mains.

- Pa... Pardonnez-moi, Père.

Je l'entends à nouveau soupirer, puis il vient relever ma tête pour l'obliger à affronter son regard.

- Sais-tu ce qui m'a le plus déçu ?

Je secoue la tête, mon coeur se serrant de chagrin, tandis que mes yeux commencent à picoter. Pourquoi Père n'est-il pas heureux de me revoir ? Pourquoi ne me dit-il pas que je lui ai manqué ?

- Ton animal totem, Elisabeth.

- Je... Je ne comprends pas, Père.

- Tu n'es pas ma fille, déclara-t-il d'un ton sec.

Il lâche brusquement mon menton, et je me plaque contre le dossier du canapé. Père semble en colère ? Pourquoi ? Ne voulait-il pas que je revienne ?

- Je...

- Yasmine a osé m'être infidèle. Et tu es le fruit de son infidélité, Elisabeth.

- Père...

- Mais tu resteras au Clan, pour Zack, dit-il en soupirant. Il t'a choisi, donc tu te dévoueras à lui. Pendant toutes ces années je t'ai logé et nourri alors que tu me mentais... Rester ici sera le seul moyen de te faire pardonner.

- Je le ferrai... Père.

- Ne m'appelle plus Père, je ne suis pas ton Père. Maintenant rentre chez toi.

- Merci.

Sans rien ajouter d'autre, je sors du chalet, tête baissée. Puis je me précipite jusque chez moi, évitant les enfants qui courent et les regroupements de mamans.

Sans PrétentionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant