Les membres engourdis, je me réveille. Pendant un instant, j'ai peur que tout cela ne soit qu'un rêve, que je me sois simplement imaginé ce sauvetage. Mais une odeur quelque peu familière de sauge s'immisce dans mes narines, une odeur qui ne flottait jamais dans l'air souillé du hangar. J'ouvre alors mes paupières, bien qu'avec lourdeur, et aperçois une silhouette. Cette dernière prend ensuite la forme de Gaëlle, appuyée contre le cadre de la baie vitrée à contempler l'extérieur, les bras croisés sur sa poitrine, mettant en valeur ses tatouages sous le soleil. Je ne dis rien, et redresse mon buste ankylosé. Ce mouvement étire désagréablement mon ventre tandis que mon épaule me serre. Par réflexe, je porte ma main à mon flanc mais me heurte à un bandage entourant tout mon abdomen.
- C'est le docteur Phil qui s'est occupé de tes blessures, il a essayé de te « rabibocher », comme il l'a dit lui-même.
Je me tourne vers Gaëlle qui me fait maintenant face, les mains sur ses hanches et un sourire étirant ses lèvres. Les courtes mèches acajou de la moitié de sa tête tombent sur ses yeux, mais elle les repousse vers l'arrière à l'aide de ses doigts, laissant le soleil se refléter sur ses nombreuses bagues mais surtout sur ce sublime saphir.
- T'as été très courageuse, gamine, j'dois bien l'avouer. Personne n'a à vivre ce que t'as vécu, j'espère que ces enflures— Enfin, peu importe, passons à autre chose. Gabin est en train de préparer à manger, tu dois sûrement avoir faim. Si tu veux tu peux te préparer et on se retrouve en bas ?
Pour toute réponse, j'hoche la tête, puis m'en vais dans la salle de bain afin de me préparer. Et c'est en enlevant les bandages qui couvrent ma peau que je remarque les points de suture sur mon flanc, mais aussi sur mon épaule. Pour ce qui est de ma cheville, elle ne me fait plus autant souffrir, elle me semble juste peu flexible. Je m'en suis sortie... J'ai survécu à un enfer, une fois de plus. Je m'en suis sortie, c'est tout ce qui compte...
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Lorsque j'ouvre la porte de la chambre, vêtue d'un simple t-shirt blanc imprimé superman et d'un jean bleu, je suis aussitôt enjouée par la merveilleuse odeur de bacon et de fromage fondu qui s'aventure à l'étage. Me laissant guider par les senteurs, je descends les escaliers, tandis que les voix en contrebas me parviennent de plus en plus clairement.
- Je suis presque sûre qu'elle préfère le chèvre, entendis-je Gaëlle affirmer avec conviction.
- Et moi je dis le roquefort, ça donne un meilleur goût, lui répondit Gabin. Maël, peux-tu départager ?
- A vrai dire, je n'en sais trop rien. Notre mère ou Marraine ne nous faisaient jamais de burgers.
- Quoi ? s'exclama Gaëlle. C'est un crime.
J'arrive à la dernière marche, et m'avance vers la cuisine animée et odorante. En entendant mon approche, tout le monde se tourne vers moi pour sourire. Mon petit frère se précipite pour me prendre dans ses bras. Je l'enserre à mon tour, oubliant les picotements de mes blessures, bien trop heureuse de l'avoir enfin retrouvé.
- Tes blessures cicatrisent ?
J'hoche la tête en réponse à Gabin, et celui-ci aborde un grand sourire en retour.
- Le blondinet a eu l'idée de faire des burgers, commença Gaëlle, ce que j'approuve entièrement vu ton état, mais nous sommes en grand débat. Tu préférerais mettre du chèvre ou du roquefort dedans ?
- Eh bien... Du chèvre ? hésitai-je un instant.
- Ah-ha ! Je te l'avais bien dit, apprends à plus m'écouter, s'il te plait.
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Sans Prétention
ParanormalDepuis toute petite, Elisabeth n'a connu que le Clan Rubis, que leurs doctrines, que leurs coutumes, que leurs manières. Etaient-elles normales ? Etaient-elles justes ? Mais au fond, qu'est-ce qui est normal, qu'est-ce qui est juste ? Elisabeth ne s...