Lucie Vincz [Percy Jackson]

19. Son dû

Un mois. Un mois qu'elle était arrivée, et toujours aucun signe de son parent divin. Lucie commençait à s'échauffer. Très peu patiente de nature, elle avait pris sur elle, persuadée que ça arriverait.

Après avoir ramené les sept et Nico, Lucie avait passé du temps à aider Will, attendant que personne d'autre que le fils d'Apollon ne soit présent pour essayer de reproduire cette étrange guérison sur la survivante, en état assez critique. Will avait sous-estimé son état, et elle allait de plus en plus mal. Mais rien à faire : elle n'arrivait pas. Il faut dire que la première fois, c'était surtout dû à l'adrénaline. Mais ça l'énervait : ses pouvoirs étaient étranges, uniques puisque tous la regardaient de travers sans osé lui dire, et pourtant, elle était incapable de les activer lorsqu'elle le voulait.

De plus, elle ne cessait de rêver de l'aigle de Caucase et des paroles qu'il lui avait dites... "- Je n'obéis qu'à mon maitre". Se pouvait-il que ce fameux maitre soit l'investigateur de toute cette histoire de trahisons ? Et dans ce cas...

Ruminant dans son coin, elle s'écarta vers la forêt. Une fille s'approcha d'elle, mâchant un chewing-gum (ce qui signifie : cette personne très peu sympathique vient te faire chier).

- Alors l'indéterminée, ça gaze ? demanda une Athéna aux cheveux bruns et yeux gris, en ricanant. Ecoute, ce n'est pas contre toi, mais tu n'es pas la bienvenue ici, t'a pigé ? Même les naïades sont mal à l'aise avec toi ! Chiron veut que tu restes, Annabeth aussi mais ne te fais pas d'illusions : quand tu auras posé trop de problèmes, tu seras virée tout de suite, c'est la fille de la déesse de la sagesse qui te le dit. Evite-leurs d'en arriver là. Je voulais t'en parler avant que ça devienne gênant...

Lucie serra les poings en sachant pertinemment qu'Amanda avait raison.

- Tant que je serai demi-déesse, j'aurai le droit de vivre ici, osa-t-elle tout de même, faisant éclater de rire son interlocutrice.

- Mais si tu es si sûre que ça d'être une demi-déesse, dis-moi qui est ton parent divin ? demanda-t-elle, faussement compatissante. On dit souvent que l'identité d'une personne n'est complète qu'à sa mort, car elle retrace ton passé, tes actes, tes relations, tes aventures et ton présent. Et ton ascendance. Si tu es une demi-déesse, si tu as bel et bien une identité : dis-moi qui est ton parent divin ?

Lucie ne dit rien, consciente d'avoir perdu. Elle tourna les talons en s'efforçant de retenir les larmes qui menaçaient de couler. La fille d'Athéna se moqua presque violemment.

- Alors, Vincz ? On fuit ? A moins que tu ne préfères Jackson ? (Lucie se figea : comment savait-elle?) Ou tout simplement meurtrière ? Il parait que ce dernier te va particulièrement bien.

Cette fois Lucie s'arrêta. Elle avait fait exprès de se renommer Vincz. Peu de monde connaissait son véritable nom, justement pour éviter que certaines personnes aient accès à ce genre d'informations... Meurtrière. Ca faisait longtemps... Lucie serra les poings. Amanda était allée trop loin. La fille d'Athéna dû le comprendre lorsque la température chuta, que le sol se réchauffa et que les cheveux de Lucie se mirent soudain à onduler, comme doués de vie. Lorsque l'indéterminée se retourna, le coeur de la fille d'Athéna manqua un battement en voyant les yeux verts de sa victime luire d'une lueur terrifiante. Un mélange de haine et d'avidité. Mais d'avidité pour quoi ? La fille d'Athéna perdit son sourire.

- Tu as dit quoi ? demanda Lucie, la voix beaucoup plus assurée et puissante.

- C... C'est pa... pas moi ! On m'...m'a donn...nné ce journal, bégaya-t-elle, toute tremblante, en balançant au sol la coupure qui était rangée dans son sac.

Lucie reconnut aussitôt la une. "Une fillette accusée du meurtre d'un pauvre homme dans la forêt". Elle se sentit devenir nauséeuse et sortit l'arme qu'elle utilisait dans l'arène pour s'entrainer sans tenir compte du glapissement de la fille devant elle, afin de trancher de le journal qui présentait sa photo, il y a quatre ans.