Une pièce sans acteurs

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-Regarde-moi... Est-ce que ça va ? Lui demanda Miranbeau en l'enroulant dans la couverture, mais les tremblements d'Héla étaient incontrôlables, et son regard restait tout aussi vide.

-Emmenons-la dans le salon, lança Miranbeau en prenant la jeune femme dans les bras. Philippe, lui, se contenta d'ouvrir les portes sur le passage de sa patronne. Passez des coups de téléphone, ordonna Miranbeau, je veux que le club soit fermé avant que le jour se lève, mettez tout sur le dos de la propriétaire et envoyez moi tous les employés en taule. Les garanties sont dans mon bureau, vous savez quoi faire... Ah et temps que j'y pense, dédommagez leurs filles.

-Ce sera fait madame. Philippe s'éloigna en accélérant le pas.

Miranbeau s'arrêta finalement dans le salon et déposa lentement Héla sur le canapé, après quoi elle s'éloigna et revînt deux comprimés au creux de la main. La jeune femme était terrorisée et paraissait seulement à demi-consciente, Miranbeau n'eût aucun mal à lui faire prendre les médicaments. Après quoi, elle s'assît à côté de la jeune femme et posa doucement la main sur son épaule. Rapidement, les cachets firent effets, les tremblements d'Héla cessèrent, et l'étudiante s'endormît, sans même en avoir conscience, la tête posée sur le bas ventre de la femme qui l'avait séquestré.

Dans l'esprit de Miranbeau, et malgré son calme apparent, les idées fusaient. Elle venait de violer une gamine, après l'avoir frappé, et maintenant, elle la droguait. Était-elle responsable ? Sans aucun doute... Mais allait-elle se dénoncer à la police ? Certainement pas. Sa carrière, sa fortune, sa réputation, elle ne renoncerait pas à tout ça à cause de l'arnaque de l'employé d'un club. Miranbeau passa doucement les doigts dans les cheveux de la jeune femme qui arborait pour la première fois depuis son arrivée une expression paisible. Que lui suggéreraient ses associés ? Ils avaient beau être encore moins tendre qu'elle, ils étaient de bon conseils, et puis de toute façon, si elle plongeait, elle ne se priverait pas de les entraîner dans sa chute. Ils lui devaient tout, il était donc inconcevable qu'ils continuent à profiter de son affaire juteuse si elle en venait à être contrainte d'abandonner son poste. Finalement, tout ce qui la mettait en danger elle, les plaçait eux aussi sur la sellette, et elle ne se gênerait sûrement pas pour les impliquer. Un coup de téléphone plus tard, deux hommes firent irruption dans le salon. Miranbeau, elle n'avait pas bougé et continuait de caresser les cheveux d'Héla d'un air distrait.

-C'est elle ? Demanda un grand blond.

-En effet, acquiesça Miranbeau.

-Hé bien elle n'a pas l'air traumatisée, tu n'as qu'à l'adopter, ce sera ton puppy...

-Si seulement, mais je doute qu'elle soit ci docile. Une erreur, un faux pas et nous plongeons tous, les deux hommes ne braillèrent pas, signe qu'ils avaient bien compris leur situation.

-Tu vas devoir la garder... Tu ne peux pas la laisser partir après ce qu'elle a vu.

-Donc... Tu suggères que je l'enferme ici ? Jusqu'à quand au juste ?

-Je ne sais pas... Elle aura peut-être ce truc là, le syndrome de je-ne-sais-pas-quoi. Commença le brun.

-De Stockholm, Thomas, de Stockholm... J'y pense, mais les choses ne sont pas si simples, comme je l'ai dit, une seule erreur, un téléphone qui traîne, un voisin un peu trop curieux, des clients qui entendent ses cris... Impossible que je la garde ici.

-J'ai une maison en campagne, éloignée de tout, personne n'y vient jamais, souffla Thomas, on pourrait la mettre là-bas.

-Elle est si jeune, grogna-t-elle, je... Non je refuse d'être responsable d'une telle chose.

-Elle n'aura pas forcement une mauvaise vie, insista le brun, il y a pire tu sais, elle mangera à sa faim, et je suis sûre que tu sauras répondre à tous ses besoin, il lui lança un sourire entendu.

Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant