Miranbeau avait installé Héla dans une chambre à l'étage, elle avait fermé la porte à clef après s'être assurée que sa prisonnière ne pourrait pas s'échapper en tentant de sauter par la fenêtre. Car elle allait surement tenter de s'enfuir dans les prochains jours, sinon dans les prochaines heures, Miranbeau n'avait aucun doute là-dessus, et elle ne permettrait certainement pas que cela arrive.
Héla était restée assise sur le seuil de la porte un long moment, immobile, dans la position exacte où Miranbeau l'avait laissé. La jeune femme se sentait vidée, morte de l'intérieur, incapable de savoir ce qu'elle ressentait ni même ce qu'elle aurait dû ressentir dans un moment pareil. Une seule pensée hantait son esprit, je veux vivre... Je veux vivre... Pensait-elle en fermant les yeux si fort que des couleurs lui apparaissaient. Bientôt, son instinct de survie reprit le dessus sur sa peur. Elle se releva faiblement et examina la chambre dans le détail. Elle était luxueuse, à l'image du reste de la demeure, un lit immense, un dressing gigantesque mais vide, et puis une salle de bain. Où très vite, Héla décida de s'enfermer à clef après avoir récupéré un oreiller pour s'installer dans la baignoire. Ici, au moins, Miranbeau ne viendrait pas, ou sinon, seulement après avoir défoncé la porte.
Le lendemain matin, la jeune femme fût réveillée par la voix glaciale et rauque de Miranbeau. Elle frissonna de terreur, jamais elle n'oublierait ce qui c'était passé la veille. Cette scène était gravée au plus profond de sa mémoire, elle luttait déjà pour ne pas la revivre encore et encore. Mais entendre la voix de sa tortionnaire avait immédiatement fait germé une boule douloureuse dans son ventre.
"-Sors d'ici. Ordonna la voix de Miranbeau.
Mais Héla ne répondit pas, elle se contenta de serrer les dents.
-Très bien, reprit Miranbeau, Héla devinait le sourire sadique qui s'emparait des lèvres de la femme d'affaire au simple son de sa voix. Tu comptes rester ici combien de temps ? Le temps risque d'être long là-dedans.
Comme Héla ne répondit pas, Miranbeau haussa les épaules et s'éloigna. Bien sûr que non, elle n'enfoncerait pas la porte, cela ne faisait pas parti de son plan. Les choses ne devaient se dérouler ainsi dans sa propre maison, et de toute façon, même ailleurs, les choses se déroulaient toujours exactement comme Miranbeau l'avait décidé. Cette fille, elle ne dérogerait pas à la règle. Finalement, la femme d'affaire s'amusait presque de ce petit jeu mesquin, elle était presque curieuse de voir combien de temps sa captive tiendrait avant de se résigner à lui ouvrir. Combien de temps tiendrait-elle avant de se soumettre... Avant de la laisser la posséder ? Un jour ? deux ? Peut-être même trois. Elle avait de quoi boire, c'est la faim qui la forcerait à sortir. Miranbeau sortît son portable et commença à pianoter un message.
ELLE S'EST ENFERMÉE, VOUS PARIEZ SUR COMBIEN DE TEMPS ?
Quelques instant plus tard, ses collaborateurs répondirent, son téléphone vibra.
CINQUANTE EUROS QU'ELLE SORT AVANT CE SOIR. Répondit le première.
JE MISE SUR TROIS JOURS, MOI.
Miranbeau soupira. Décidément, elle allait se faire désirer.
Combien de temps allait-elle tenir ici, Héla l'ignorait, la seule chose qu'elle savait, c'est qu'ici, pour le moment, elle était en sécurité. Sa tortionnaire n'avait pas l'air décidée à la faire sortir de force alors, elle allait prendre son temps. Il lui fallait une stratégie. La jeune femme tourna en rond dans la salle de bain avant de se réfugier de nouveau dans le petit nid qu'elle avait aménagé dans la baignoire. Elle fixa le plafond immaculé. Bientôt, elle finirait par lui trouver des défaut à force de continuer à le regarder, encore et encore. Elle connaîtrait tous les détails de la pièce, le nombre de carreaux de céramique sur les murs, le grognement de l'évier,... tout.

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Madame Miranbeau
RomansaUn message, un kidnapping. C'est comme ça que les choses fonctionnent lorsque madame Miranbeau a besoin d'une fille. Pourtant, les jeux sadiques de la femme d'affaire vont virer au drame lorsque celle-ci va se rendre compte que celle qu'elle a entre...