Jour 3

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Héla serra les dents et se retourna dans la baignoire. La faim, elle la ressentait, bien sûr qu'elle la ressentait, elle lui tiraillait les entrailles tandis qu'elle mordillait inlassablement le col de son tee-shirt. Pourtant, le pire restait la soif. Ses lèvres étaient sèches, même désespérément sèches, sa langue, pâteuse, lui collait au palais et sa gorge la démangeait. La simple pensée d'un verre d'eau fraîche la torturait. C'était douloureux, un véritable calvaire... il y avait aussi la poignée de porte, celle qui la séparait de son salut, mais celle qui s'ouvrirait à coup sûr sur le sourire satisfait de Madame Miranbeau. 

Ce matin là, Miranbeau n'était même pas venue pour la saluer, ni même pour lui demander combien de temps comptait-elle encore rester enfermée à l'intérieur. Bien sûr, elle aurait pu rester devant la porte un moment, ouvrir une quelconque cannette de soda pour tourmenter sa prisonnière, elle y avait pensé, mais elle n'en fît rien. Finalement, alors que le temps passait, elle sentait la faiblesse de la jeune femme de l'autre côté de la porte, celle qui ne tarderait pas à s'avouer vaincue.

Héla se leva faiblement, le regard fixé sur la porte. Elle fît les quelques pas qui la séparait de la sortie, mais se figea au moment où ses doigts allaient se poser sur le métal glacé de la poignée. Une seconde, elle imagina sa tortionnaire de l'autre côté de la porte, elle frissonna, des images lui revinrent. Presque aussitôt, les larmes commencèrent à perler de ses yeux, elle ne pouvait pas. C'était simplement au dessus de ses forces. La jeune femme se laissa tomber à genoux devant la porte. Impossible. Ici, c'était son corps qui s'éteignait peu à peu, mais dehors, ce serait son âme que l'on piétinerait. Elle allait devoir sortir à un moment où un autre, mais cette pensée la terrifiait plus que toute autre chose. Quand elle sortirait, la louve serait là. Héla l'imaginait dans sa robe de soirée, sa coupe de champagne à la main, fièrement installée dans son grand fauteuil rouge. Elle arquerait un sourcil avant se daigner se lever. Elle ferait claquer ses talons sur le sol jusqu'à arriver à sa hauteur. Là, Miranbeau  baisserait les yeux sur la jeune femme et lui jetterait un regard qui voudrait dire, ça y est, j'ai gagné, tu es à moi maintenant.  La suite, Héla ne s'autorisait pas à y penser, elle préférait s'imaginer que ce serait simplement fini. Rien ne l'attendait la derrière. Rien du tout, après Miranbeau, il n'y aurait que des tourments et de la détresse. Après Miranbeau, il n'y aurait que de la violence.

Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant