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Lorsque Lawrence commença à s'éclipser de l'appartement de plus en plus longtemps, et de plus en plus souvent, Héla crût qu'elle ne serait pas capable de survivre. Elle se sentait si seule. L'appartement était trop vide, trop silencieux, si bien, que Lorsque Lawrence sortait, Héla avait prît l'habitude d'aller au petit parc qui longeait la rivière un peu plus loin. Là-bas, il y avait un saule qui ombrageait un petit banc de bois. En pleine journée, à cette période de l'année, il avait beaucoup de monde, mais Héla s'en accommodait. Elle aimait être là-bas, assise sur son banc au milieu de tout ces gens qui passaient, qui avançaient. Elle, était restée statique. Sans doute espérait-elle qu'à force de les regarder marcher, elle aussi aurait la force de se lever et de continuer son bout de chemin. De temps à autre, elle trouvait une jolie fleur sur la route et la coinçait dans un journal pour la faire sécher, c'est ce qu'elle aimait chez les fleurs, au moins, elle aussi restaient immobiles. Elle étaient belles sans avoir besoin de bouger, même si cela les rendaient plus vulnérables.

"C'est ce que tu fais ? Tu ramasses des fleurs et tu les écrases ?

Héla ne leva pas la tête, parfois, lorsque son esprit lui faisait voir Miranbeau en rêve, elle attendait un moment avant de s'en débarrasser. Après tout ce n'était que des rêves, elle y faisait bien ce qu'elle voulait.

-Qu'est ce que ça peut vous faire ? Répondit-elle sans chercher le regard de la femme d'affaire, mais elle sentit malgré tout son sourire au-dessus de son épaule.

-On se ressemble finalement, c'est tout.

-Allez-vous faire foutre.

-Toi aussi, quand tu vois quelque chose de beau et de fragile tu ne peux pas t'empêcher de le cueillir, et... ensuite de l'écraser. 

-Ce sont des fleurs, soupira Héla, pas des êtres humains.

-Tu étais ma fleur... Siffla Miranbeau en tendant le bras pour caresser la joue de la jeune femme, mais Héla la chassa avant qu'elle n'ait pu effleurer sa peau."

Elle grogna en s'éveillant le soleil en plein visage, son calpin de fleurs sur les genoux. L'espace d'une seconde, elle eût une envie folle de balancer toutes les fleurs qu'elle avait ramassé jusqu'ici, mais alors qu'elle défaisait l'élastique du journal, elle se ravisa. Tu ne peux pas la laisser te faire du mal en rêve, songea-t-elle. 

Héla regarda sa montre, Lawrence ne tarderait pas à rentrer. Elle se leva pour rejoindre l'appartement, Héla était toujours là lorsque Lawrence rentrait, elle ne voulait pas perdre une seconde en compagnie de son amie.

Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant