Héla

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Héla était réveillée depuis plus d'une heure, pourtant, elle n'avait pas bougé. Elle était restée là, recroquevillée sur le canapé, après avoir rejeté avec dégoût la veste de la femme d'affaire à qui elle s'était offerte la nuit dernière. Sa gorge était terriblement douloureuse, écrasée par la honte et les sanglots qui n'avaient cessé de la secouer pendant la nuit.

Il fallait s'enfuir, aujourd'hui. Seule cette pensée lui donnait de l'espoir. Loin d'ici, elle pourrait tout oublier. Oublier à quel point elle se sentait salie, oublier qu'elle avait consenti à prendre du plaisir avec des monstres... Loin d'ici, elle n'aurait plus jamais à y repenser. Héla ferma les yeux, sécha ses larmes et se releva après avoir prît une longue inspiration. Miranbeau descendait les escaliers lorsqu'elle entra dans la salle à manger.

"-Tiens donc, s'exclama Miranbeau en analysant la jeune femme. Elle remarqua que ses yeux étaient rouges. Elle avait pleuré. Tu pourrais être plus reconnaissante Juliette, se moqua la femme d'affaire, je ne m'appelle peut-être pas Lawrence, mais tu as quand même prît ton pied hier.

Héla rougît de honte et évita le regard de Miranbeau.

-Vous... m'avez saoulé. Articula Héla le coeur serré. Je... Je ne voulais pas...

-Oh que si tu voulais... Murmura Miranbeau, elle effleura le cou de la jeune femme du bout des ongles avant d'aller vers la cuisine pour déjeuner. Ne me dis pas encore une fois que je me fais des idées, ajouta-t-elle en s'éloignant, je pourrais avoir envie de remettre ça.

Le coeur d'Héla palpita de colère, mais elle ne répondit rien. La jeune femme se contenta de se diriger vers la porte d'entrée.

-Si tu t'éloignes de la serre, lança Miranbeau depuis la cuisine, je risquerai de faire de toi mon prochain petit déjeuner.

Héla sortît et ne manqua pas de claquer la porte derrière elle. Elle allait lui faire payer. Cher.

Dans la serre, la jeune femme retrouva les outils qu'elle avait affuté. Elle s'assit dans un coin, et attendit sans doute plusieurs heures sans ne songer à autre chose qu'au dégout qu'elle éprouvait à son égard pour les événements de la veille.

Il y eût finalement le bruit d'une voiture, Héla se redressa juste à temps pour voir Miranbeau monter dans mercedes de son chauffeur. L'espoir de la jeune femme redoubla d'intensité. Elle n'aurait donc pas à se confronter à la femme d'affaire. Héla attendit quelques minutes, puis, machette à la main, elle commença à marcher vers la le bout de la propriété. Il ne fallût pas longtemps pour que l'un des agents de sécurité de Miranbeau ne s'élance à sa poursuite.

-Mademoiselle ! Appela l'homme qui la rattrapait au pas de course. Attendez, madame Miranbeau refuse que vous vous éloigniez de la serre.

Héla se retourna violemment menaçant l'homme avec son arme. Même si sa main tremblait, les yeux de la jeune femme qui brûlaient de détermination poussèrent l'agent de sécurité à faire quelques pas en arrière.

-Ne vous... avisez pas de m'empêcher de quitter cet endroit de malheur. Cracha Héla en donnant un violent coup de machette dans le vide.

-Réfléchissez à ce que vous faites, la mît-il en garde.

-C'est tout réfléchi. Grogna Héla.

Là, le garde attrapa son poignet pour lui faire lâcher son arme. Héla lui assena immédiatement un violent coup de pied à l'entre jambes. Surprît, l'homme tomba à genoux en poussant un gémissement de douleur. D'un geste vif, Héla ramassa son arme et la pointa sur la gorge de l'homme.

Elle pouvait le tuer. Héla serra les dents. Son cou était là, à moins d'un centimètre de sa lame. L'homme releva les yeux vers la jeune femme. Il ne dit pas un seul mot, mais déglutit difficilement. Héla remarqua que ses lèvres tremblaient. 

La jeune femme prît une longue inspiration.

-Ne... Ne vous avisez pas de me suivre... Souffla-t-elle avant d'assener un violent coup de poing au visage de l'homme. Elle s'enfuit au pas de course. Derrière elle, elle entendit l'agent de sécurité parler à sa radio. 

-La môme s'enfuit ! Lança-t-il, elle a une putain de machette ! Héla continua de courir, tout près, elle aperçut le portail, cette fois, deux hommes venaient à sa rencontre. L'un des deux était armé et la braquait avec son revolver.

-Posez votre arme ! Ordonna l'homme au pistolet.

-Laissez-moi passer ! Lança Héla qui serrait sa machette pour se donner du courage.

-Dernier avertissement. Dit l'homme armé.

Héla lui jeta un regard noir.

-Vous avez vu ce qu'elle me fait, rétorqua Héla, imaginez comment elle s'en prendra à vous si vous me tuez."

En guise de réponse, l'homme tira une balle en l'air. Héla sursauta mais ne baissa pas son arme.

Bientôt, le second agent de sécurité s'en prît à elle. Sans doute pensait-il, et à raison, qu'elle n'était pas réellement prête à utiliser son arme. Mais voyant que l'homme s'approchait de trop, Héla fendit l'air avec sa machette. L'homme eût tout juste le temps de se protéger le visage avec son avant-bras que la machette entailla jusqu'à l'os. 

Héla eût un violent haut de coeur en voyant le sang qui ruisselait abondamment sur l'herbe verte de la propriété. La jeune femme profita du moment de confusion pour s'enfuir à toutes jambes. Derrière elle, l'homme armé la braqua mais il finit tout de même par baisser son arme. La petite avait raison, s'il s'avisait de la blesser, c'était lui, que Miranbeau allait descendre. Il déposa son revolver au sol et porta secours à l'homme qui se vidait de son sang en gémissant. Impuissants, ils regardèrent tous deux Héla qui passait le portait principal au pas de course.

Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant