Madame Miranbeau

Jour 2

La faim n'était pas venue de suite, et Héla le savait, les douleurs dans son ventre n'étaient en rien liées aux trente-six heures de jeune. C'était la peur. Uniquement la peur. À un moment ou à un autre, la jeune femme en était consciente, elle devrait bien sortir de cette pièce, mais la simple vue de la poignée de porte lui donnait des vertiges.

"Tu n'as pas faim chérie ? Demanda une voix suave à la porte. Héla ne put réprimer un frisson. Sa gorge se noua. Je suis curieuse de voir combien de temps ce petit jeu va durer, siffla Miranbeau, tu seras si faible lorsque tu sortiras d'ici... Que tu seras toute à moi."

Héla sentit son bas ventre se contracter, elle serra les dents. Que faire... Il n'y avait décidément aucune issue, devait-elle s'avouer vaincue et sortir dès maintenant avec le peu de forces qu'il lui restait ? Devait-elle attendre, encore ? Au risque de s'affaiblir d'avantage et d'être encore plus démunie face à sa tortionnaire ? Où aurait-elle simplement la force de rester ici, plusieurs jours de plus, en priant pour que quelqu'un lui vienne en aide. 

Miranbeau descendit nerveusement les escaliers. Cette situation ne lui seyait décidément pas, elle devait reprendre le contrôle, et ça le plus vite possible. Soit... Songea Miranbeau en pensant à la jeune femme, tu résistes peut-être à la faim, mais sans eau, ce sera bientôt terminé pour toi. Miranbeau descendit à la cave, elle ne mît pas longtemps à atteindre le compteur électrique, le compteur d'eau n'était pas loin. Il ne fallut pas plus d'une minute à la femme d'affaire pour trouver la vanne qui correspondait à la seconde salle de bain de l'étage. Elle ferma le robinet et remonta dans le salon l'air de rien. Bientôt, ma convive aura une délicieuse surprise, se félicita-t-elle. Plus tard, elle entendit effectivement des pleures à l'étage, signe qu'Héla s'était aperçue qu'on avait coupé l'eau.