Ma chose

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Héla ouvrit faiblement les yeux. Sa tête était posée sur le parquet qu'un faisceau de lumière éclairait. La jeune femme inspira puis expira doucement, faisant s'envoler les petites particules dans la lumière. Elle n'osa pas bouger. Finalement, elle se demandait si elle en était capable car elle sentait à peine le poids de son corps sur le parquet. Elle se sentait encore endormie, presque anesthésiée, bien sûr, elle entendait les claquements des talons de Miranbeau dans la cuisine, mais ils lui paraissaient lointains, comme si elle reposait au fond d'une piscine et qu'elle essayait de distinguer les silhouettes qui dansaient sur le bord de l'eau.

"-Hé bien... Siffla une voix au-dessus d'elle. Héla ne releva pas la tête, elle se contenta de cligner des yeux et de respirer. Encore. Voir la poussière s'échapper sous son souffle devait la rassurer en quelque sorte.

-Je finissais par croire que tu ne te réveillerais jamais, poursuivît Miranbeau. Enfin, des talons s'imposèrent au regard d'Héla. Le pied de la femme d'affaire vînt même lui faire remuer légèrement la tête. Tu te rappelles de tout ?  Mais au fond, Héla se demandait ce que cela pouvait bien changer, les marques que Miranbeau avait laissé sur son corps ne laissaient pas de place au doute, alors qu'elle s'en souvienne ou pas, cela importait peu. Secoues-toi, finît par dire Miranbeau d'un air excédé. Mes associés arrivent en fin de matinée. Je compte sur toi pour faire bonne impression. Puis les escarpins s'éloignèrent.

Héla se questionna. Elle ne se souvenait pas comment elle était arrivée ici. La camisole, elle s'en rappelait, mais à peine. Elle remua les doigts de pieds, contracta ses mollets, son corps était toujours là. Elle était toujours là. Cette nouvelle lui fît l'effet d'un verre d'eau glacial jeté au visage. Elle avait espéré ne plus exister. Ne plus rien ressentir. n'être seulement plus qu'un esprit, une chose libérée de toute douleur, et bien sûr de toute chaîne. La jeune femme prît une grande inspiration en se relevant comme elle le pouvait. Des fourmillements se firent ressentir dans ses extrémités, mais ce n'était rien à côté de la douleur qui manqua de lui faire tourner de l'oeil. Son corps était en miettes. Sur le coup, elle ne sentît presque pas la chose que Miranbeau avait prît soin d'oublier en elle, mais le seul fait de savoir qu'un corps étranger avait investit son corps lui donna la nausée. Elle aurait voulut s'en débarrasser, mais ses bras étaient retenus contre sa poitrine, croisés, par la camisole. Héla entendit ensuite le bruit cinglant de la chaîne qui reliait son collier au coin de la pièce. En temps normal, elle n'aurait rien su faire d'autre que de pleurer, mais cette fois-ci, même les larmes lui manquaient. Peut-être avait-elle mérité tout ça ? Peut-être était-ce parce qu'elle avait désiré cette femme et qu'elle la désirait toujours malgré tout ça...

C'est à ce moment qu'Héla songea à Lawrence. Lawrence, elle, ne l'aimait peut-être pas de la même façon qu'elle, mais son amour était bien moins douloureux. Et même si Héla sentait la culpabilité lui bouillonner sous les joues, certaines fois lorsque sa meilleure amie l'étreignait comme l'aurait fait une soeur, jamais elle n'avait ressentit une telle détresse et une telle honte qu'en se réveillant affalée sur le plancher dans le petit salon de Miranbeau.

Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant