Pas de cette façon

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Héla s'éveilla lorsque le soleil qui filtrait à travers les rideaux commença à éclairer son visage. Elle n'avait pas bien dormi. Bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement. Comment la jeune femme aurait-elle pu oublier la sensation de la respiration de Miranbeau dans son cou, celle de sa bouche et de ces dents. Comment Héla aurait-elle pu oublier le regard de sa tortionnaire sur sa peau nue. Et puis il y avait eu ces cris aussi. Ces gémissements d'agonie, et la vision d'horreur d'un homme en train de se faire torturer à quelques pièces de là. 

Héla se redressa dans son lit prenant une grande inspiration, elle dû se mordre les joues pour oublier sa condition, que le poids du collier autour de son cou ne voulait pas lui faire oublier. La jeune femme se leva et alla vers la salle de bain. Elle s'était lavée la veille, mais réalité ou obsession, elle ne parvenait guère à se débarrasser de l'odeur de Miranbeau, elle la sentait encore, juste la, dans son cou. La jeune femme ferma à clef derrière elle et commença à se dévêtir. Dans les premiers temps, elle essaya d'ignorer les bleus qui étaient apparus partout, sur son ventre, ses épaules, tout près de sa poitrine, sur son cou... Mais lorsqu'elle croisa son regard dans le miroir et qu'elle vît malgré elle le sinistre tableau qu'avait peint Miranbeau, Héla se mît à pleurer. Secouée de sanglots, la jeune femme parvenait à peine à prendre son souffle, c'était comme si son corps, son propre corps ne lui appartenait plus. Miranbeau l'avait marqué, et Héla s'en sentait amoindrie au plus haut point, elle avait l'impression d'être une chose, un objet. Ses sanglots redoublèrent d'intensité, et alors qu'elle pleurait à chaudes larmes, elle porta ses mains secouées de spasmes à son cou et tritura de toutes ses forces le collier que lui avait enfilé de force la femme d'affaire. Allumant l'eau, la jeune femme se tua même à frotter les ecchymoses sur son cou, comme s'il s'était agît de simples tâches de boue qu'un peu de savon et de bonne volonté auraient pu faire disparaître. Pourtant, rien n'y fît, et les marques ne firent que gagner en intensité avec le désir d'Héla de les faire disparaître. 

La jeune femme finît par se laisser tomber par terre, terriblement blessée dans son âme, et incapable de soutenir la vision de son corps qui avait été tatoué de violence.

Lorsqu'elle trouva le courage de se relever, elle ne jeta plus un seul regard vers le miroir. Elle se contenta de se doucher, de se sécher, et d'aller s'habiller avec les vêtements qui se trouvaient dans l'armoire de la chambre. 

Héla évita soigneusement les petites tenues en dentelles mises en évidence et loua le bon dieu que Miranbeau ait eût la décence de mettre au moins un jeans et un tee-shirt classique dans le dressing. Après quoi, elle rejoignît le Rez de chaussée.

À peine en bas, le regard de la jeune femme fût irrépressiblement attiré par la porte d'entrée.

"-Je te ferais passer l'envie de quitter le domaine. Lança une voix froide depuis la cuisine. Héla sursauta, Miranbeau était là, elle l'observait attentivement le nez sous son café serré.

En guise de réponse, la jeune femme lui lança un regard noir qui s'adoucît tout de même. Intérieurement, Héla se demandait si elle pourrait manger car la faim lui triturait l'estomac.

-Tu as faim ? Demanda Miranbeau à la jeune femme dont le regard faisait des allers-retours vers la porte d'entrée.

Héla serra les dents.

-Approche... Siffla Miranbeau, je ne mords pas. Du moins pas avant d'avoir fini mon café.

Héla se sentit frissonner malgré elle, elle faisait tout pour être forte, garder la face,... Mais cette voix, cette femme... Cette cruauté, cette violence douce et impitoyable, elle commençait à douter de sa capacité à y résister.

Hésitante, Héla approcha et vînt s'installer le plus loin possible de sa tortionnaire qui sourît fugacement, avant de lever les yeux au ciel.

-Tiens, lança Miranbeau en offrant à Héla une assiette de toast avec de la confiture, bien que la jeune femme ait été déterminée à ne rien accepter de sa tortionnaire, elle ne pût y résister. Elle devait manger.

-Ne t'en fais pas... Souffla Miranbeau comme si elle parvenait à lire en Héla comme dans un livre ouvert, tu as tenu longtemps déjà. Tiens, prends du jambon. 

Là-dessus, Miranbeau tendit à Héla une assiette de charcuterie. 

-Je... Souffla la jeune femme.

-Quoi ? Rétorqua Miranbeau qui s'était levée pour venir s'assoir plus près de la jeune femme.

-Je... Je suis végétarienne. Miranbeau étouffa un rire avant de se pencher au-dessus d'Héla.

-Elle est végétarienne, se moqua-t-elle.

Mais la jeune femme avait baissé la tête, après tout, Miranbeau avait surement raison, à quoi bon faire la difficile dans de pareilles circonstances, à quoi bon... Mais Héla avait ses convictions, et abandonner ses convictions reviendrait à se perdre un peu plus, alors elle devait s'accrocher... Elle devait s'accrocher à elle même pour survivre.

-Dis-moi chérie, quel genre d'études tu fais ?

-De... Bégaya Héla, de la botanique...

-De la botanique, scanda Miranbeau, vous m'en direz tant. Tu es bonne élève ?

Héla releva la tête vers Miranbeau avant de la re-baisser aussitôt vers son assiette, incapable de soutenir son regard. Elle haussa les épaules.

-Et... Souffla Miranbeau qui se rapprochait davantage, elle posa sa tête sur l'épaule de la jeune femme comme elle l'avait fait la veille. Ta petite copine ne vas pas s'inquiéter ?

-Je... Articula Héla tremblante. Elle serra les dents sentant le rouge affluer à ses joues.

-Hé bien ?

-Je n'ai... Commença Héla avant que Miranbeau ne la coupe.

-Bien sûre que tu aimes les filles, n'essaies pas de me mentir.

-Je... Ce que je... Veux dire... C'est que je n'aime... pas les gens de cette manière.

Miranbeau sourit amusée et s'assit sur la table face à Héla.

-Précise. Ordonna-t-elle.

Héla ravala difficilement sa salive.

-Je... Je n'ai aucune envie de parler de ça avec vous.

Miranbeau sourit et arqua un sourcil. Si elle ne voulait pas parler, soit, alors la femme d'affaire la torturerait d'avantage.

-Ok, souffla Miranbeau, j'ai tout mon temps. Elle ne dit rien de plus pendant un moment et se contenta d'observer Héla qui mangeait en évitant son regard. 

Une fois que la jeune femme eût fini de manger, elle se leva lentement.

-Attends chérie... Souffla Miranbeau en imitant Héla. Elle rattrapa la jeune femme par le bras et parcourut son cou du bout des doigts. Elle se permit même de tirer sur son tee-shirt pour mieux voir les marques qu'elle avait laissé sur sa peau.

-Ça te plaît ? Demanda lentement Miranbeau en désignant les bleus qui couvraient la peau d'Héla.

La jeune femme frissonna et repoussa sa tortionnaire qui ne pût réprimer un large sourire.

-Tu es... Grogna Miranbeau avec toute la hargne d'un désir insatisfait, elle tira Héla à elle en saisissant son collier. Tu es à moi, et je vais te faire découvrir un million de plaisirs auquel tu n'avais jamais songé..."



Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant