On pousse l'enfant à vouloir
Pour exciter son désespoir,
Culpabiliser les parents
De ne pas être compétents.
On pousse l'élève à l'échec
En multipliant les obstacles,
Et quand il ouvre un large bec,
On le méprise et on le tacle.
On pousse le jeune à oser
Vaincre la peur, la faim, le vide,
Et s'il advient pour lui d'échouer,
On le raye d'un trait d'acide.
On pousse l'adulte à trimer
Pour pas un rond, pour saliver
Devant le loto, les projos,
Puis on lui bastonne le dos.
On pousse le prof à donner
Plus qu'il ne peut pour le vider ;
On pousse le prof à noter
La valeur des vies pour brimer.
On pousse le flic à donner
Plus qu'il ne peut pour le vider ;
On pousse la rue à voler
Pour le taser sur les pavés.
On pousse l'hosto à donner
Plus qu'il ne peut pour le vider ;
On pousse les corps à crever
Pour les empêcher de gueuler.
Et tandis qu'on se fait pousser
Par les puissants qui se régalent,
Quand cessera-t-on d'écraser
Ceux qui encaissent plus de mal ?
Et si au lieu de se pousser
Pour leur laisser tout le pouvoir,
On se dressait, courage rare,
Pour prétendre à l'humanité ?
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L'actu croquée par les vers !
PoetryLes médias noient l'info, les politiques cachent les faits : moi je les ronge comme un ver jusqu'à laisser apparaître le squelette net et précis du sens et de nos responsabilités. Du moins j'essaie. Critiques bienvenues, débats vitaux !