A ceux qui courent...Les moutons et les vautours
Un troupeau de moutons poursuivait le soleil
Et traversait sans fin une plaine inconnue.
Les premiers broutaient l'herbe grasse et longue et drue
En suivant sans répit leur horizon vermeil ;
Les suivants arrachaient aux mottes retournées,
Des débris, des racines, des plants délaissés ;
Les derniers lapaient l'eau dans le bourbier infâme,
Prisaient la moindre miette en cette boue sans charme.
Quand les derniers osaient s'enquérir du projet,
Les suivants demandaient aux premiers ;
Quand les premiers étaient ainsi interrogés,
Ils se contentaient de répéter :
"Bien avant nous nos pères suivaient ce bel astre
Pour gagner les verts pâturages ;
On ne sait qui le fit mais ce fut un désastre
Pour qui douta de ce voyage.
Quand parfois la fatigue entame notre foi,
Il suffit de regarder les cieux :
De leurs grands cercles majestueux
Les vautours protecteurs viennent guider nos pas."
On voyait trop souvent
S'abattre sur le flanc
Une bête affamée,
Une bête épuisée,
Et c'était plus de miettes pour ses devanciers.
On assistait parfois
Au milieu du troupeau
Au trépas d'un plus gras
Qui léguait son morceau
A ses voisins heureux d'être un peu mieux placés ;
Plus rarement la mort
D'un premier bien dodu
Poussait à la cohue
Ceux qui guettaient le sort
Et depuis longtemps voulaient le remplacer.
Et parmi les suiveurs pas un pour se tourner,
Trop contents de penser que leur voeux s'exauçaient ;
Et après le troupeau marchant vers le désert
Festoyaient les vautours sans plus craindre l'hiver
Puisque, guidant leurs proies par l'espoir et l'envie,
Ils comblaient sans effort leur si bel appétit.
Quand on suit la lumière on ne voit plus très bien
Où se trouve la terre, où est notre chemin,
Et c'est tout aveuglé par les feux du destin
Qu'on s'abandonne à ceux de qui l'on tient la main.
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L'actu croquée par les vers !
PuisiLes médias noient l'info, les politiques cachent les faits : moi je les ronge comme un ver jusqu'à laisser apparaître le squelette net et précis du sens et de nos responsabilités. Du moins j'essaie. Critiques bienvenues, débats vitaux !