Love Mermaid

Chapitre 18

Je marche sans but sur la place du centre-ville dont le sol est recouvert de neige. Des enfants s'amusent à faire des bonhommes de neige et d'autres activités en rapport avec la saison hivernale. Les décorations de Noël sont éparpillées un peu partout, autour des arbres, des lampadaires, des faux cadeaux sont déposés aux pieds de grands sapins du parc décorés par plusieurs guirlandes clignotantes.

Aujourd'hui, je perds totalement le contrôle. Pourtant, j'ai toujours la broche sur moi et jusqu'à ce matin, elle fonctionnait plutôt bien. En y réfléchissant bien aujourd'hui est un jour spécial, ça fait pile un an que j'ai tenté de mettre fin à mes jours. Un an que ma vie à basculé, et que je suis devenue sirène, cela doit sûrement avoir des conséquences sur mes émotions et mes pouvoirs.

J'ai l'impression que peu importe mon identité, sirène ou humaine, ma vie est compliquée. Les complications de ma vie humaine étaient mes problèmes d'argent et mon harcèlement, tandis que ceux que j'ai en tant que sirène concernent Diego et mes pouvoirs.

Quelque chose de froid se retrouve projeté sur mon visage, je touche ma joue et constate que je viens de me prendre de la neige en pleine face. Un élan de colère me submerge, je cherche les responsables et trouve un petit garçon rigolant en me pointant du doigt.

- Non mais tu veux que je t'aide ? On ne lance pas de boule-de-neige sur les grandes personnes. Tes parents ne t'ont pas appris le respect ou quoi ? Maintenant, dégage de ma vue sale mioche avant que je ne m'énerve, débitais-je à toute vitesse.

Ses joues rougissent rapidement. Il commença à pleurer en criant et partit, je ne sais où. Génial, Daphné, tu as réussi à faire pleurer un enfant qui jouait innocemment avec la neige ! Ce petit garçon me rappelle un passage de mon enfance. Je laisse ce doux souvenir m'envahir et ferme les yeux pour revivre au maximum ce pur instant de bonheur où mes parents étaient encore présents.

C'était en plein hiver, j'avais 5 ou 6 ans à cette époque et je me baladais dans les rues enneigées aux côtés de mon père. Sur le chemin du retour après avoir été cherché du pain à la boulangerie se trouvant près de notre domicile, je marchais derrière mon père qui était en pleine conversation téléphonique pour le travail. Afin d'attirer son attention, je me suis baissé pour attraper de la neige dans mes jolis gants roses, et ai formé une boule-de-neige.

Mon père m'attendait un peu plus loin, mais ne cessait de discuter avec un client. Le sourire aux lèvres, j'ai tendu mon bras au loin. La boule-de-neige a volé quelques secondes dans les airs, avant d'atterrir sur le manteau noir de mon père.

Il lui fallut moins d'une seconde pour se retourner et me jeter à son tour une boule-de-neige. J'avais froid aux mains rien qu'en voyant que mon papa formait les boules-de-neige sans gants. Nous avons ensuite passé un bon moment à jouer dans la rue sous le regard des autres passants. Je me souviens que de retour à la maison, maman nous avait grondés car nous avions ramené le pain tout froid au lieu de tout chaud comme ma mère le voulait.

Ce souvenir me met du baume au cœur, et c'est pourquoi je rebrousse chemin et décide de partir à la recherche du jeune garçon. Je le retrouve assis sur un banc seul. Je m'assieds à côté de lui et lui souris chaleureusement.

– Je suis désolé charmant garçon, mais je suis dans l'obligation de me venger.

Il leva la tête vers moi et me dédia un grand sourire avant de sauter du banc et de rigoler. Je pris la neige gelée entre mes doigts et fis une petite boule. Je lui lançai et il rigola. À son tour, il fit une boule-de-neige, je me cachai derrière un sapin et essayai d'éviter son attaque.

C'est fou à quel point les enfants peuvent passer à autre chose facilement. Il y a moins de cinq minutes, j'étais en train de l'engueuler et je l'ai fait pleurer. Puis là, il est en train de faire une bataille de neige avec moi, une simple inconnue. J'ai parfois l'impression que certains enfants sont plus adultes que ne le seront jamais les "grands". Quelques minutes plus tard, un jeune homme récupéra alors son “petit frère” m'avait-il dit.