Behind The Stages | TERMINÉE

Chapitre 2

Par la suite, l'année de mes vingt-et-un, j'étais plus épanoui dans ma vie. J'avais un petit job dans un café, je jouais de la guitare en ligne le soir et j'écrivais des musiques qui me passait par la tête : des mélodies, des paroles, des sons... Je vivais de mon métier la journée puis de ma passion le soir. J'avais l'habitude de poster des vidéos de moi, jouant de la guitare en pleine rue, sur internet. Au début, seulement quelques personnes m'écoutais, ma famille, mes amis puis quelques personnes alentours. Je n'ai jamais dépassé les cinquante voir soixante-dix vues ; ce n'était vraiment pas beaucoup mais ça me suffisait de voir que ma musique plaisait déjà à  autant de personnes.

Le temps qui s'est écoulé entre le moment où mes premiers spectateurs ont fait parlé de moi et le moment où je me suis fait repéré, il s'est passé deux années et demi. C'est énorme quand j'y pense, je n'avais jamais imaginé que j'aurais ce succès un jour. Certes je voulais avoir un petit public, mais quelques personnes dans un bar, qui m'écoute chanter des mélodies courtes et monotones, m'aurait suffit. Je ne dis pas que je regrette mon succès, loin de là... Je dis juste que j'ai passé énormément de temps à composer des musiques, les publier puis intervertir avec les gens et je n'aurais jamais cru cela possible.

Lors d'un jour d'été, je m'en souviens car nous étions, moi ainsi que ma famille, dans notre maison de vacances en Italie, j'ai reçu un appel téléphonique d'un producteur. À l'époque je ne comprenais pas trop ce qu'il me voulait, si ce n'est me voir pour juger de mon talent. Il m'a expliqué qu'il avait été mis au courant de mes vidéos et qu'il les trouvait intéressentes. L'homme m'a avoué qu'il me restait encore beaucoup de boulot et de petites choses à améliorer mais qu'avec de la détermination et du courage, j'allais y arriver. Alors, je l'ai cru. Nous nous sommes vu, il a apprécié ma voix ainsi que mes paroles puis après ces premiers rendez-vous, tout s'est enchaîné très vite. Sept mois après, je signais un contrat avec une grande production de management, à Los Angeles. J'étais ravi d'avoir rencontré un producteur et qu'il m'ait choisi : c'était le rêve de tout chanteur encore inconnu.

Bref, il m'a présenté certaines personnes avec qui il travaillait puis m'a expliqué que j'aurais besoin de musiciens. J'ai ensuite composé avec toute une équipe, nous avons enchaîné les nuits blanches au studio puis nous sommes parvenus à sortir quelques titres. J'ai par la suite été surpris de mon succès fulgurant, mes vidéos se transferaient à travers le monde : de l'Argentine à la Nouvelle Zélande, en passant par la Suède, mes fans se faisaient nombreuses et étaient toujours là, à me soutenir.
Dès les premières vidéos publiées, je me suis dis « ok, les gens aiment bien ce que je fais mais ils ne resteront certainement pas, ils vont forcément finir par se lasser...» J'avais pas assez confiance en moi, je doutais de mes capacités et je n'avais aucun réel soutien. Ma mère était là, ainsi que mon beau-père puis mon ami, Louis.
Ma sœur aussi m'aidait ; ils venaient tous les quatres à chacune de mes heures passées au studio, en répétition et aux voyages. Seulement, même si moralement ils me soutenaient, mentalement je me disais qu'ils se forcaient à être là, à me suivre dans mes projets car ce sont mes proches, donc qu'ils n'ont pas envie de me décevoir.

Par la suite, Louis a commencé à ne plus pouvoir autant venir. Il avait son job dans une librairie pas loin de chez nous, mon père partait en déplacement et ma mère bossait dur pour son entreprise donc n'avait plus non plus le temps de venir tout le temps. La seule qui soit vraiment restée tout le long, c'est Gemma. Malgré son boulot, elle venait car elle savait que j'avais besoin de quelqu'un auprès de moi. J'étais jeune, dépendant de mes parents et comme je l'ai dis, je n'avais zéro confiance en moi ni positivité dans mon esprit. Aujourd'hui, je comprends qu'ils n'aient pas eu tout leur temps à m'accorder, je n'étais pas une priorité et je le comprends seulement maintenant. Ils avaient leur métier, un foyer à nourrir et je ne leur en veux pas. Nous ne sommes là priorité de personne.

***

Concernant Louis, nous avons eu des hauts et des bas. Plus de haut que de bas quand même mais notre histoire n'a pas été toujours facile. Des dizaines de fois, nous avons eu envie d'arrêter : non pas que nous nous aimions plus mais de nombreuses fois, nous avons douté de notre relation. Nous sommes toujours autant pris par notre travail à présent mais nous essayons de trouver du temps pour notre relation.

Le problème étant que Louis ne veut pas demander à sa patronne de changer un peu ses horaires afin que nous ayons du temps pour nous, et moi, je ne peux pas avoir un planning sur mesure. Ma manager fait tout ce qu'elle peut pour nous laisser une après-midi voir une journée tranquille mais mon copain ne comprend pas que c'est dur. Nous avons chacun un métier qui nous prend du temps ; d'autant plus qu'il travaille depuis peu sur un nouveau projet pour la librairie. Etant un grand fan des livres, il a voulu partager sa passion au boulot. Il a eu l'idée de créer un groupe d'enfants qui se rendent deux à trois fois par semaine au magasin et il leur lit une histoire. Oui, tout simplement : il lit des histoires aux enfants. Après chaque lecture, il questionne les enfants sur leur personnage favori, ce qu'ils ont préférés dans lhistoire et ce qui les a inspirés. Croyez-moi, je l'ai vu faire et travailler : c'est incroyable de voir à quel point il rend les enfants heureux, et les parents aussi, par la même occasion. Il a le don de rendre chaque personne qui croise son chemin, plus heureux. Il me rend heureux chaque jour, même si je sais pertinemment que cette situation entre nous de se voir deux fois dans la semaine et ne jamais pouvoir dormir ensemble ni se réveiller ensemble, ne va pas durer. Je l'aime mais nous en souffrons autant l'un que l'autre.