Chapitre 9

62 6 6
                                    


Une fois rentré dans la maison, elle me demande si je veux boire quelque chose. Je lui dis qu'un café ne serait pas de refus puis elle part dans la cuisine. Je la suis, elle me questionne sur ma venue et sur ma famille :

- Alors...Raconte-moi, tout ! Comment se passe ta vie en Angleterre, comment va ta mère, ta sœur ? Et ton boulot ? Oh et puis parle-moi de ton petit-copain...Comment il s'appelle déjà...Ah oui, Louis ! Je veux absolument tout savoir ! "

Elle prend de sa main gauche la cafetière posée sur le plan de travail puis me sert une tasse. Elle y ajoute un sucre et de la chantilly comme elle avait l'habitude de faire lorsque j'étais petit. Après l'avoir regardée faire, je me remémore ses questions puis me lance :

- Et bien écoute...Maman va bien, elle est épanouie dans son job et elle est plutôt heureuse en ce moment. Gemma est débordée de travail mais pareil, elle gère plutôt bien. Et me concernant, j'ai décidé de faire une pause dans ma tournée et...de venir te rendre visite, depuis le temps !

- Et Louis ?

J'inspire et j'expire longuement. Je peux le faire. Ce n'est que tante Katie.

- Louis...eh bien...Entre nous, c'était tendu depuis un moment...Je pensais qu'il lui fallait un peu de temps pour s'y habituer et trouver sa place mais non. 

Je bois une gorgée de café avant de reprendre, le coeur tambourinant dans ma poitrine :

- J'ai appris qu'il me trompait il y'a quelques jours...avec sa collègue. J'ai...j'ai essayé de...de trouver des solutions pour notre couple alors que lui...c'était sa seule échappatoire. Je m'en veux Katie, d'avoir rien vu.

Et sans le vouloir, j'explose en larmes. Elle vient directement me voir pour me prendre dans ses bras avant de me réconforter :

- Harry, écoute je ne le connaissais pas plus que ça, du peu que je l'ai vu. Si il a trouvé que c'était la seule échappatoire pour vous deux et qu'il n'a même pas essayé de s'excuser, c'est que c'est vraiment un sale type. Je suis désolée pour toi mon ange, tu ne mérites pas ça...

Je renifle puis la sert encore plus fort dans mes bras.

- Ecoute, il y a un petit festival en ville qui est ici pour quelques semaines à peine. C'est assez détente et bonne ambiance, je te propose qu'on y aille cette après-midi, si tu n'aies pas trop fatigué

- C'est gentil mais je suis vraiment épuisé du décalage horaire...Je vais me reposer quelques heures mais, pourquoi pas ce soir ?

Elle acquiesce en hochant la tête de haut en bas puis me dit d'aller me reposer et qu'elle me fera visiter plus tard. Aussitôt dit, aussitôt fait : je prends mes valises et les amène dans la chambre qu'elle m'indique. Une bonne sieste ne peux pas me faire de mal.

A peine arrivé au lit, je lâche toutes mes affaires et m'écroule sur le matelas surélevé ; rêvant d'un mécheux aux yeux bleus, éclatant de toutes ses dents et scintillant comme le soleil au-dessus de nous. Ce garçon qui était autrefois mon mécheux.

***

Lorsque je me réveille, il doit être aux alentours de dix huit heures : le soleil est toujours aussi brillant à travers les rideaux mais il a l'air de faire moins chaud. Je regarde mon téléphone, un nouveau message de Louis, mais je supprime immédiatement la notification et verrouille mon téléphone.

Je me lève avec difficulté, j'ai dormi n'importe comment et mon cou me le fait ressentir. Katie est assise sur un fauteuil, sur le balcon, face à la mer. Elle lit un roman "Jane Eyre" de Charlotte Brontë. Un des rares livres de cette auteure que je n'ai pas lu. J'aime beaucoup sa façon de penser, d'écrire et surtout ses visions de la vie. Il y a une citation, la plus connue qui dit : « Il est dommage que faire de son mieux ne suffise pas toujours », et aujourd'hui, j'en comprends tout son sens.

Katie me voit et repose son livre sur ses genoux, elle mets ses lunettes de soleil sur le sommet de son crâne et me regarde.

- Bien dormi ?

- Oui...Et toi, bien reposée ? dis-je en m'étirant.

- Ca va ! Prêt pour la fête ?

- Toujours ! répondis-je un peu trop enthousiaste.

Elle se lève de son siège avant de prendre quelques affaires, mettre deux sandwichs dans une glacière qu'elle avait préparée au préalable, je suppose et deux bouteilles sorties du frigo. Elle me tend le sac réfrigérant puis nous prenons lunettes de soleil et un peu d'argent, au cas où. Nous sortons de la maison et elle m'ouvre la voiture pour que j'y mette nos affaires puis je finis par m'installer côté passager.

Elle met en route la voiture et la radio s'allume. "Swing Lynn" de Twin Cabins résonne dans celle-ci. Les larmes me montent immédiatement aux yeux lorsque je me rappelle que c'est une musique préférée de Louis. Je m'empêche de pleurer et fredonne les mélodies tout doucement, tout en écoutant tante Katie qui me raconte ce que l'on peut visiter ici, les magasins, la paillotte au bord de mer où tous les jeunes vont, la générosité des gens puis le paradis de cette île. J'ai hâte de découvrir tout ça et, pourquoi pas, me faire de nouveaux amis.

On arrive sur un parking bondé, des gens marchent de partout, chantant, dansant et répandent la bonne humeur partout autour d'eux. Nous nous garons sur le bas côté puis je sors de la voiture, en suivant ma tante comme un enfant de six ans, hors mis que je ne lui tiens pas la main. Nous longeons des petites maisons colorées puis tombons sur un feu de camp, avec pleins de gens autour. La musique est à fond, l'ambiance est présente et je suis heureux d'être ici. C'est plus une petit fête entre petit comité qu'un festival mais je suis tout autant réjoui. Au loin, j'aperçois un bar avec des jeunes en paréo qui servent des cocktails puis une scène assez grande à côté. Deux gars sont en train de chanter une musique de The Fray, en jouant de la guitare, et un troisième joue de la batterie derrière. Je me dirige vers le bar, quelques filles sont accoudées sur celui-ci, en train de frimer avec un barman, des dreadlocks sur la tête. Je commande deux mojitos sans alcool, Dieu sait comme est ma tante quand elle boit, puis j'attends qu'il me les prépares. En me les tendant, il me dit, de son accent très prononcé :

- Et voilà, jeune homme ! Mais attends...Tu ne serais pas Harry Styles ? "

Quelques personnes se retournent, je suis gêné instantanément. Et moi qui pensait qu'on ne m'avait pas reconnu...Je lui réponds :

-  Si. Si, c'est moi. Je suis en vacances pour quelques temps mais ( je me penche plus proche, en chuchotant presque ) je préfèrerais me faire discret.

Il me sourit suivi d'un clin d'œil qui veut clairement dire " t'inquiète mec, secret gardé !"

Je prends mes cocktails puis me retourne assez rapidement. C'est sans compter sur une fille, cheveux bruns virevoltant au vent et lunettes de soleil sur la tête qui manque de me les faire tomber. D'ailleurs, quelques gouttes de celui dans ma main droite se renverse sur ma chemise, ouverte aux trois quarts. La fille s'excuse mille fois avant de me sourire et de me demander si ça va. Quelques rougeurs apparaissent sur ses joues ; je suppose qu'elle ne m'a pas reconnu. Je lui dis que tout va bien puis elle replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille et me dépasse. Elle est très jolie et elle était assez mignonne mais je n'ai clairement ni le temps, ni l'envie de me lancer dans une nouvelle histoire. D'autant plus que je ne suis ici que de passage et qu'elle aussi, sûrement. Je retourne vers ma tante qui discute avec une femme que je ne connais pas. Je lui tends son verre, elle me remercie, puis je me retourne vers la scène. J'aime cet endroit et je suis sur que je vais m'y plaire.

Behind The Stages | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant