Chapitre 5

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Durant une fraction de seconde, j'ai l'impression qu'il va m'annoncer qu'il me quitte parce qu'il a trouvé mieux ailleurs. Au lieu de ça, son visage redevient impassible puis il se met à me questionner :

« Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Pourquoi tu me parles d'elle ? Et d'abord, qu'est-ce qu'il t'amène à penser ça, Harry ? »

Dix secondes.
Vingt secondes.
Une minute.
OK, faut que je réponde là.

« Harry ?

- J'ai lu une conversation cette nuit. »

Un silence encore plus long que les deux suivants. Plus pesant. Plus gênant.

« Une conversation ?

- Tu m'as très bien compris. Quand je me suis levé pour venir boire un coup, j'étais en train de me servir un verre et ton téléphone a vibré. Je ne savais pas qui c'était alors j'ai regardé, au cas où c'était important.

- Et ? Qu'est-ce qu'il te met dans un état pareil ?

- Oh sérieusement, Louis ? Je cite : c'était comment ?", "on refait ça quand tu veux " "viens m'occuper, Harry n'est pas là...!" Tu crois que j'ai pas compris ? Tu l'amène ici quand je suis au travail, putain ! »

Son visage passe de l'incompréhension au doute et à la tristesse.

« Attends, tu ne penses pas sérieusement ce que tu dis, hein ?

- Si. Bien sûr que si. Je ne vois pas d'autres explications. »

Contre toute attente, au lieu de m'engueuler et partir dans une dispute acharnée, il m'attrape le poignet et me tire vers lui. Il souffle un coup avant de me dire :

« Bon ok, écoute moi. Eleanor c'est une collègue de boulot, on travaille ensemble et oui, on est proches mais elle ne reste qu' une amie. Elle n'est jamais venue ici, on se voit seulement au travail où dans des cafés.
Cette conversation, c'était le jour où t'étais à Dunkerque, deux jours avant que tu rentres. El m'a invité à une soirée entre amis, avec sa meilleure amie et le copain de sa meilleure pote. En toute amitié bien sûr ; bref nous sommes allés au bowling et on a dansé toute la soirée. Tu sais que je n'avais jamais joué au bowling, c'est elle qui m'a proposé de m'amener et de me montrer. D'où le " c'était comment ?" mais loin d'être ce que tu t'es imaginé, là dans ta p'tite tête ! »

Il me tapote le sommet du crâne de son index, et je dois avouer qu'il paraît vraiment sincère.

Il me sourit avant de reprendre :

« Je ne sais pas ce que tu t'es imaginé ni depuis quand tu te fais des scénarios comme celui-là, mais la prochaine fois, dis-le moi directement s'il te plaît. Et dernière chose, ne regarde pas dans mon téléphone, Harry. Je ne l'ai jamais fais avec le tien, je ne te cache rien et, non je n'ai rien à me reprocher mais s'il te plaît, respecte ça. On se fait confiance, non ?
Allez viens là, je t'aime idiot. »

Il m'attire à lui et me serre dans ses bras. D'accord, je le crois. Parce que j'ai vu dans son regard qu'il était sincère, je ne veux pas me disputer avec lui pour un truc aussi futile. Je passe outre et pars manger les tartines qu'il m'a préparé.

Je ne préfère pas continuer les questions et les quiproquos. J'étais parti pour lui demander pourquoi il lui a dit de venir lui tenir compagnie. Mais au point où on est, il veut que je lui fasse confiance et si je lui dis que j'ai regardé plus que ce qu'il ne pense, il risque de vraiment s'énerver. Déjà qu'il l'a plutôt bien pris, je décide d'arrêter là pour tout de suite. Mais je ne compte certainement pas m'arrêter là, ces questions je les lui poserais. Tôt ou tard.

***

Le petit-déjeuner se déroule dans un silence apaisant, ni gênant ni étrange, juste relaxant. Nous nous parlons très peu, il me paraît songeux et mal à laise. Une fois mon café fini, je vais déposer ma tasse dans l'évier et monte m'habiller. Louis reste assis au comptoir de la cuisine, buvant son thé sans m'adresser un regard.

Je monte les marches quatre à quatre, passe le seuil de la porte et me dirige vers le dressing. Je prends un jogging et un sweat, un peu de footing ne peut pas me faire de mal. Alors que je suis en train de me changer dans la salle de bain, j'entends la porte s'ouvrir et je sens les bras de Louis m'entourer . J'attends qu'il parle mais il ne le fait pas alors je remonte mon jogging sur mes hanches avant de me tourner vers lui. Il a la tête baissé, je ne vois que le haut de son crâne parce qu'il se cache contre mon torse.

« Eh...Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je relève son menton vers moi afin de voir ses yeux. D'une voix presque inaudible, il me répond :

« Je ne veux pas que tu crois que quand t'es pas là, elle vient ici et fait je ne sais quoi. Je t'ai dis la vérité, je te le jure mais j'ai l'impression que tu ne me crois pas...

- Non... C'est pas ça, Louis. C'est juste que tu n'as répondu qu'à la moitié de mes questions et que tu t'es vite braqué. Je l'ai un peu mal pris que tu me rembarres comme ça... Alors oui, je te crois quand tu me dis qu'il n'y a rien entre vous mais alors, pourquoi tu lui as demandé de venir te porter compagnie parce que j'étais pas là ? »

Son regard me fixe, il se rend compte que j'en ai lu plus qu'il ne le pense. Mais au lieu de me dire que j'aurais pas du lire autant, il répond à ma question :

« Parce que... Je sais pas moi j'aime bien sa compagnie et on rigole bien ensemble. Je voulais qu'elle vienne parce que j'étais triste et de mauvaise humeur que tu ne sois pas là. Je crois que oui, j'avais besoin de compagnie et la sienne m'aurait été précieuse à ce moment-là. Mais uniquement en tant qu'amie, je te l'ai dis, il n'y a aucune ambiguïté entre nous. Tu me crois hein ?

- Oui, Louis. Mais pitié, si ça recommence ces moments comme celui-là, appelle moi, je préférais le savoir si tu ne vas pas bien. Vraiment, plutôt que de découvrir des choses comme ça... »

Il sourit en hochant la tête.

« D'accord. Bon et tu vas où comme ça ? »

Il baisse son regard vers mon jogging gris, assez moulant je dois dire. Ses joues rougissent et il relève la tête.

« Courir...Tu veux venir ?

- Et comment ! Avec un jogging aussi serré, je te laisse pas sortir seul ! »

Il rigole en disant ça surtout qu'il ne m'interdirait jamais de faire quelque chose.

Behind The Stages | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant