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Le bruit d'un meuble que l'on déplace me sortit doucement de mon sommeil. Mon père devait être déjà levé et il avait décidé de ne pas nous laisser dormir tranquillement aujourd'hui. J'ouvris les yeux difficilement, presque aveuglée par les rayons du soleil qui pénétraient dans ma chambre. Après une lutte acharnée contre la flemme et la fatigue, je réussis enfin à sortir de mon lit. J'enfilai ma robe de chambre puis rejoignis mon père dans la cuisine, qui était en train de préparer le petit-déjeuner.

« Bonjour papa. »

« Bonjour Aya, bien dormi ? » Il embrassa mon crâne rapidement puis se remit aux fourneaux.

« Oui, je dors toujours mieux lorsque je suis à la maison alors qu'en ville, c'est plus compliqué. Je dors mal ou très peu. C'est bizarre non ? »

« C'est peut-être du au stress de la ville et puis tu es étudiante. Quand tu dors dans ton appartement, tu ne penses qu'à tes cours. »

« Pas faux. » J'aperçus un gros bureau en bois près des escaliers. « Il est à qui ce bureau ? Tu l'as acheté ? »

« C'est un cadeau. »

« De qui ? » lui demandais-je surprise.

« Mme Park. Elle n'en veut plus et elle n'a pas arrêté de me dire que sa maison était beaucoup trop petite pour garder un bureau aussi grand donc elle me l'a donné. Le problème est que je ne sais même pas ce que je vais en faire. J'ai bien essayé de refuser mais tu la connais n'est-ce pas ? Elle n'aime pas que je lui dise non. Cette femme, je vous jure. »

« Plus rien ne m'étonne de Mme Park haha ! Mais il a l'air plutôt joli. » Je m'en approchais pour mieux l'admirer. Le bois était très bien travaillé et il y a avait de nombreux petits compartiments.

« Tu peux le prendre chérie. Il ne me sera d'aucune utilité de toute façon et si j'essaie de m'en débarrasser, elle le saura. »

« Cool. Merci papa ! »

Je mis le couvert puis demandai à mon père s'il n'avait pas besoin d'aide avec le petit-déjeuner.

« Hors de question que tu m'aides Aya. Lorsque tu viens à la maison le week-end j'ai juste envie que tu te reposes d'accord ? Je peux très bien me débrouiller tu sais. J'ai quand même élevé 2 enfants et cela fait des années que je suis père célibataire. »

« Je sais papa, tu me le répètes souvent mais ça ne me dérange pas. »

« Je veux juste que tu te concentres sur tes études. C'est le plus important. »

« Oui. Papa. » A chaque fois que mon père me répétait cette phrase, je me sentais presque coupable. Je voulais terminer mes études et le rendre fier mais je voulais aussi vivre de ma passion sans me cacher. « Au fait papa, qu'est devenu le piano de maman ? Je n'ai jamais pensé à te poser la question avant. »

Mon père se figea un instant puis recommença à cuisiner. « A un endroit où je ne risque plus de le voir et c'est très bien comme ça. »

« Tu te rappelles, lorsque j'étais petite, j'aimais tellement en jouer. J'avais appris toute seule. Maman était impressionnée. »

J'étais nostalgique. Les images du rêve que j'avais fait quelques jours plus tôt me revinrent à l'esprit mais elles me faisaient sourire désormais.

« De toute manière, tu n'as pas besoin d'avoir un piano. Il ne te sert plus à rien aujourd'hui. » Il changea rapidement de sujet. « Chérie, tu veux bien aller retirer les vêtements sur la ligne dehors s'il te plait ? J'ai peur qu'il se mette à pleuvoir. »

« Bien sûr papa. »

J'enfilai mes chaussures puis sortis avec mon panier à linge. Mon père détestait se rappeler de ces moments. A une époque moi aussi, je ne supportais pas me souvenir de ces moments de tendresse avec ma mère. Ils me faisaient plus de mal qu'autre chose. Mais depuis ce rêve, tous ces souvenirs recommençaient à me revenir en tête. C'était comme si ma mère m'envoyait un signe pour me dire qu'elle était là, qu'elle était près de moi et que quoi que je fasse, elle continuerait de me soutenir.

Fighting with LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant