RISING

14. Se Laisser Porter

"Le génie, c'est l'enfance retrouvée à volonté."

Charles Baudelaire

⭐️⭐️⭐️

Nous nous trouvions désormais dans ma voiture. Après un regard interrogateur à mon attention, Axel avait tout de même accepté de retourner une dernière fois à l'intérieur de la maison pour récupérer leurs maillots de bains respectifs. Il n'avait rien dit, il n'avait pas protesté, mais je le voyais bien encore dubitatif. J'espérais qu'il arriverait à se détendre durant cet près-midi que je leur concoctais. Et j'espérais que l'activité leur plairait.

Pour l'instant je sentais les deux garçons assez stressés, mais je savais que cela avait aussi un lien avec ce trajet en voiture. Axel m'avait expliqué que Noé les craignait désormais, et je comprenais cette peur et son inquiétude. C'est pourquoi je faisais tout mon possible pour rouler le plus calmement possible.

Axel s'était installé à l'arrière, à côté de son petit frère, et il n'avait pas lâché sa main depuis notre départ. Je trouvais ça beau de les voir s'accrocher l'un à l'autre, que ce soit pour ce trajet en voiture, ou alors dans la vie de tous les jours et à travers les épreuves qu'ils ont dû surmonter ensemble. Mon regard se dirigeait toujours vers eux, à travers le rétroviseur, lorsque j'étais arrêté à un feu rouge, m'assurant alors que tout allait bien pour eux. Parfois, pour tenter d'alléger la tension, je me mettais à parler, discutant de tout et rien, racontant des anecdotes. Et, au fil du temps, les garçons semblèrent se détendre jusqu'à même me répondre. Soit c'était Axel qui prenait la parole, soit c'était Noé qui me répondait en langue des signes.

Malgré leur inquiétude des débuts, malgré leur front plissés et leur visage marqué par la déception qu'ils avaient vécu plus tôt dans la journée, ils semblaient s'apaiser progressivement. Et moi j'étais heureux si je pouvais les faire sourire ne serait-ce qu'une seconde. Malgré le contexte de cette sortie, j'étais heureux de passer cet après-midi avec eux. Et j'espérais secrètement que le sentiment était réciproque.

Alors oui, peut-être que ce n'était pas professionnel, peut-être que je ne devrais pas passer cette journée avec eux, peut-être que je ne devrais pas m'impliquer autant et faire des efforts pour garder mes distances. Mais c'était déjà trop tard. J'étais déjà bien trop attaché à ces deux garçons et, pour l'instant, je me fichais bien des conséquences.

Tant qu'ils passaient une bonne journée.

Je repoussai donc toutes pensées négatives et me concentrai sur la route devant moi. Nous étions bientôt arrivés. Nous avions dû faire un détour, pour que je récupère mes affaires dans mon appartement, et nous avions quitté Paris pour rejoindre notre destination, mais le trajet ne fut pas long. Une demi-heure nous avait suffit avant que je me gare devant ce grand établissement que je connaissais bien, je devais même en connaître tous les recoins, et beaucoup de souvenirs lui étaient associé.

Je sortis de la voiture, rapidement suivi par un Noé déjà souriant et un Axel qui fronçait les sourcils. Regardant tout autour de lui, il semblait curieux. Il avait certainement compris dans quel genre d'endroit nous étions mais ne disait rien pour l'instant. D'un signe de tête, je les invitais à me suivre, un sourire malicieux aux lèvres.

Entrer dans le complexe sportif et passer les portes de l'accueil n'était pas une chose compliquée à faire. Je savais que l'endroit était ouvert puisque des entraînements quelconques devaient certainement avoir lieu à l'heure actuelle, et puis le gardien - présent près de l'entrée - me connaissait et ne s'était jamais opposé à ma venue. Au contraire, il me saluait toujours très poliment.