5. Te Comprendre

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"Tu trouveras, dans la joie ou dans la peine, ma triste main pour soutenir la tienne, mon triste cœur pour écouter le tien."

Alfred de Musset

⭐️⭐️⭐️

Axel m'évitait. Il ne fallait pas être un génie pour le comprendre.

J'avais essayé de lui parler toute la semaine, je l'avais même cherché toute la semaine puisqu'il avait semblé disparaître pendant quelques jours. Je m'étais même rendu au cinéma pour espérer le croiser et pouvoir discuter avec lui rien qu'une minute ou deux, mais visiblement il n'y travaillait pas à ce moment là.

Je ne voulais pas le harceler, je voulais juste m'expliquer, je voulais le comprendre, et l'aider. Il avait semblé terrifié lorsqu'il m'avait vu lundi, lorsqu'il avait compris que je travaillais ici, au centre. C'était presque comme si je brisais, sans le vouloir, un secret qu'il tenait encore à garder, comme si je franchissais des barrières qu'il n'avait pas encore décidé d'abaisser, comme si je foulais du pied un domaine trop personnel. J'avais pénétré son jardin secret, sa vie privée, sans qu'il n'ait auparavant décidé de me la confier.

Il n'avait pas prévu de partager cette partie de sa vie avec moi, il n'avait pas prévu que je me retrouve sur son chemin, dans ce centre hospitalier. Nous ne nous connaissions pas encore très bien, et il n'avait certainement pas voulu parler de cet aspect un peu plus personnel de sa vie. Toutes les conversations que nous avions eu restaient en surface, superficielles, ou en tout cas seulement dirigées vers notre intérêt commun pour le cinéma. Ce n'était pas allé plus loin.

Alors j'avais compris sa fuite, j'avais envahi son espace personnel. Et j'avais compris qu'il se posait désormais des questions sur notre relation, sur notre début d'amitié. Il devait se dire que tout était compromis désormais. Et je devais bien avouer que j'y avais réfléchis aussi. Mais ça ne me coûtait rien de l'aider. Je ne voulais rien d'autre que de mieux le comprendre, je ne demandais pas d'engagement, je ne lui demanderai même pas d'amitié s'il n'en voulait pas, juste un soutien. Alors oui, peut-être que ce n'était pas très éthique de ma part d'envisager ce rapprochement mais si cela restait aussi innocent alors il n'y avait pas de problème. En tout cas, je l'espérais.

Avant qu'il ne parte, il y a quelques jours de cela, j'avais vu cette lueur dans son regard, une lueur de solitude, et une grande fatigue. Je ne connaissais pas toute son histoire, mais j'avais cru comprendre qu'il était seul pour gérer tout ça, que son frère n'avait que lui. Je ne savais pas encore pourquoi, ni à quel point il était perdu, mais une chose était certaine ; s'occuper d'un enfant avec un handicap à un si jeune âge était une lourde responsabilité. Alors, s'il était aussi perdu et fatigué que ses yeux le laissaient croire, il pouvait avoir besoin d'un coup de main.

Et puis, mine de rien, je devais bien admettre que je m'étais attaché à lui. Malgré le peu que je savais de lui. Malgré cette barrière qui s'érigeait désormais entre nous. Alors je n'avais pas l'intention d'abandonner si facilement, parce que je n'avais définitivement pas envie de le laisser tomber.

Malheureusement, lui avait envie de me fuir. Cela faisait plusieurs jours que je voulais cette conversation mais lui semblait prendre bien soin de rendre cette tâche compliquée. Il avait été introuvable mardi et mercredi, visiblement il n'avait pas rendu visite à son frère ces jours là, et la veille, jeudi, il était bien présent mais avait fait tout son possible pour m'éviter. Aujourd'hui nous étions vendredi et, en ce milieu de matinée, il était bien là, à quelques mètres de moi, assis aux côtés de son frère. Mais il ne prêtait aucune attention à moi, ses coups d'oeil dans ma direction se faisaient rares.

RISINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant