9. Sourire

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"Plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau."

François-René de Chateaubriand

⭐️⭐️⭐️

C'était une bonne journée. Evidemment, comme chaque jour, mon travail au centre n'était pas de tout repos mais tout était plutôt calme. Les jours comme ça étaient agréables. Cela faisait du bien de voir la grande majorité des enfants être en forme et souriants. J'aimais ces moments où ils redevenaient réellement des enfants, ces moments où, pendant un instant, ils oubliaient leurs difficultés. J'aimais voir cette atmosphère plus légère et entendre les rires des enfants résonner entre ces murs alors qu'ils étaient d'humeur à échanger des blagues entre eux ou avec les membres du personnel. 

Cela faisait du bien, et c'était aussi ce côté-là de ce métier qui le rendait exceptionnel. S'accrocher dans les moments difficiles nous promettait aussi des instants de joie.

Cette ambiance était peut-être liée aux beaux jours qui s'installaient, au soleil qui rayonnait, illuminant les pièces fournies de baies vitrées. La morosité de l'hiver avait disparue depuis longtemps et l'école serait bientôt terminée. Certains enfants auraient la chance de partir en vacances pendant l'été, je savais que nous allions enregistrer pas mal de sorties dans les prochaines semaines. Même si ça me faisait quelque chose de voir ces enfants s'en aller, j'étais extrêmement heureux pour eux. Tous méritaient simplement de reprendre une vie normale, ils méritaient de retrouver leur confort serein et le bonheur.

Les voir heureux me rendait heureux.

Et puis il fallait bien admettre que j'étais de bonne humeur aujourd'hui. Je me sentais un peu plus léger, et je crois que cette sensation avait un lien avec la conversation que j'avais eu la veille avec Axel. Je n'allais pas me voiler la face. Passer ce moment avec le jeune homme, le voir s'ouvrir un peu plus à moi petit à petit, me réchauffait le cœur.

Bien sûr, son histoire, tout ce qu'il m'avait raconté à propos de l'accident dont son frère avait été victime, à propos de leur mère aussi, cela me bouleversait. Et bien que je ne l'aie jamais rencontrée, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une profonde colère envers celle qui aurait dû être présente pour ses fils, celle qui aurait dû les soutenir et les aimer convenablement au lieu de les abandonner. J'en savais assez à son propos pour dire que je n'appréciais pas vraiment cette personne.

Et après avoir entendu tout ça, son histoire aussi complète qu'il ne me l'avait jamais permis auparavant, j'avais encore plus envie de l'aider, de le protéger.

Je ne savais pas si Axel se rendait compte d'à quel point c'était important pour moi qu'il accepte enfin de me parler, de me laisser un peu plus entrer dans sa vie. Ça comptait énormément, peut-être plus que ça ne le devrait. Mais le voir assez confortable en ma présence pour me faire confiance, pour accepter de se confier, c'était un immense progrès, et ça me faisait plaisir. Et puis le voir sourire, même après être passé par la douleur qui avait inondé ses yeux lorsque nous avions évoqué la tragédie qui avait frappé sa famille, avait fait battre mon cœur un peu plus fort.

J'étais définitivement fan de son sourire. Qu'il soit timide ou éclatant, il était toujours sincère et illuminait mes journées, tout comme il illuminait son visage. En effet, il n'y avait pas seulement ses lèvres qui se soulevaient, mais aussi ses yeux qui brillaient et ces petits plis qui se formaient aux coins de ses paupières. C'était charmant et absolument captivant, bien trop captivant.

Perdu dans mes pensées, je ne prêtais plus attention à ce qui se passait autour de moi. Je me tenais près de l'entrée, accoudé au comptoir de l'accueil, trop occupé à remplir des papiers pour remarquer les docteurs et autres membres du personnel qui pourraient évoluer à mes côtés.

RISINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant