18. Accro

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⭐️⭐️⭐️

Je venais juste de terminer une séance avec un groupe d'enfant, je leur avais à nouveau préparé un petit atelier théâtre. Je crois que ça leur avait beaucoup plu la première fois que j'avais organisé ça, et depuis ils en redemandaient. Alors si ça leur faisait plaisir, moi je me pliais à leur demande.

Cela leur permettait de s'épanouir, de faire des progrès, de s'ouvrir aux autres et de prendre confiance en eux aussi, tout en s'amusant. Alors, selon moi c'était absolument bénéfique. Je leur organiserais tous les ateliers qu'ils souhaitaient si cela voulait dire voir les sourires sur leur visages, l'amusement dans leurs yeux, et tous ces progrès accumulés qu'ils ne se rendaient même pas compte avoir fait.

Le groupe d'enfant dont je m'étais occupé aujourd'hui était toujours le même, ce groupe que je suivais depuis que j'avais fait mes débuts dans cette aile du centre. J'y avais donc vu Noé et j'étais épaté par l'engagement qu'il prenait dans cet atelier, il s'épanouissait de jour en jour et prenait de plus en plus confiance, n'hésitant plus autant avant de s'engager dans un mime ou une petite prestation. Il ne se restreignait plus sur le simple prétexte qu'il ne parlait pas. Ces dernières semaines, les progrès de Noé avait été fantastiques, et j'étais incontestablement fier de lui.

Bien sûr, les autres enfants se débrouillaient aussi comme des chefs et méritaient toutes mes félicitations. Ils étaient tous fantastiques, ils suscitaient toute mon admiration.

Dans le groupe, il y avait aussi Tiago, ce petit garçon qui avait réussi à briser la carapace de Noé pour devenir un bon ami, quelqu'un qui avait réussi à rendre ce séjour dans le centre un peu moins difficile. Mais Tiago, lui, avait fait tellement de progrès qu'il allait bientôt signer sa sortie, prévue dans la prochaine quinzaine de jours. Et j'en étais absolument ravi pour lui. J'espérais juste que Noé ne se retrouverait pas trop perdu une fois que son ami retournerait chez lui.

Mais je savais qu'Axel avait récupérer les coordonnés des parents de Tiago, et c'était une excellente idée. Ce serait dommage que les deux jeunes garçons se perdent de vue après avoir traversé tant de choses ensemble. Je ne me faisais pas trop de souci, j'avais confiance en Axel pour tout faire afin que son petit frère garde des repères et les personnes positives qui avaient croisé son chemin.

En parlant d'Axel, le jeune homme ne tarda pas à passer les portes du centre. Il me remarqua tout de suite alors que je me tenais derrière le comptoir de l'accueil. Les mains enfoncées dans ses poches, comme toujours, il s'approcha doucement de moi. Ses épaules étaient crispées et son sourire était timide, mais il n'en restait pas moins avenant et j'avais le plaisir de voir ses yeux pétiller.

— Tu vas bien ? demandai-je directement.

Je devais bien le reconnaître, je ressentais un peu d'appréhension quant à sa réaction après la dernière soirée que nous avions passée ensemble. Je ne voulais pas qu'il y ait de malaise, ou qu'il s'éloigne à nouveau.

— Un peu fatigué, j'ai pas beaucoup dormi, m'apprit-il. Mais ça va. Noé est dans sa chambre ?

— Non il est dans la salle commune, il t'attend, lui indiquai-je d'un sourire.

Il hocha la tête alors que j'inspectai son visage. Je pus effectivement constater la présence de cernes sous ses yeux, et je m'inquiétais instantanément. Est-ce qu'il allait réellement bien ? Est-ce qu'il n'était pas à nouveau en train de se surmener ? Ou était-ce de ma faute si, comme moi, il n'avait pas pu cesser de cogiter après ce geste manqué lors de notre sortie de mardi soir ? Parce que, de mon côté, je n'arrivais définitivement plus à me sortir Axel de la tête. Ni même l'illusion, l'espoir, qu'un jour ce geste ne nous soit pas retiré.

RISINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant