31. Manque

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⭐️⭐️⭐️

Axel

Je resserrai le plaid autour de mes épaules et rapprochai mes jambes contre moi. Prostré sur le canapé, éclairé simplement par la lumière que l'écran de la télé émettait, je fixai sans vraiment regarder le DVD que je venais de lancer. Mon regard n'était pas concentré, mes yeux me piquaient et mon cœur était lourd. J'avais à nouveau envie de pleurer.

Peut-être que le choix du film n'aidait pas non plus à me changer les idées.

Mais je m'étais senti obligé de regarder celui-ci. C'était mon film préféré après tout, celui qui m'avait accompagné à travers toutes mes émotions, toutes les périodes de ma vie où je m'étais senti obligé d'allumer la télé et de lancer ce film pour ne plus penser à ce qui m'avait rendu triste. Cependant, ce qui me rendait triste en ce moment était désormais associé à ce film. Le même que j'avais regardé avec Camille le soir de notre premier baiser, et de notre première nuit ensemble.

Diamants sur canapé.

J'avais conscience que je me faisais du mal. Alors que les images de Camille et moi lors de cette soirée se mêlaient à celles de Holly Golightly et Paul Varjak qui évoluaient devant mes yeux, sur cet écran. Ce film était définitivement associé à mes souvenirs avec Camille, et ma brève histoire avec lui avant que je demande bêtement cette foutue pause. Ça faisait mal. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

Poussant un long soupir, je replongeai ma cuillère dans ce pot de glace au chocolat – que j'avais déjà descendu de moitié – avant de la porter à nouveau à ma bouche. Cliché, j'en avais bien conscience. Si Camille était là, il se moquerait certainement de moi en me disant que je regardais trop de films.

Ou alors il me le reprocherait, comme le jour de notre conversation, celui où je lui avais demandé – ou imposé – une pause. Il me dirait d'arrêter de vivre comme dans un film.

Est-ce que c'était ça que je faisais ? Me croire constamment dans un film ? Était-ce pour ça que je prenais certaines décisions ?

Je m'étais senti obligé de rompre avec le héros. Pourquoi faire ? Pour créer un rebondissement dans notre histoire ? Pour y apporter un drame ? Pour donner plus de profondeur à notre histoire ? Où simplement parce que j'étais stupide et effrayé ?

Je n'en savais plus rien. J'étais fatigué. Épuisé par les larmes versées et les nuits d'insomnies. Ces mêmes nuits pendant lesquelles je revoyais l'expression sur le visage de Camille le jour de notre discussion, la douleur se lisait sur ses traits. Ou alors c'était le Camille fatigué, cerné, triste, désespéré de me parler alors que je lui refusais tout contact que je voyais en fermant mes paupières.

C'était une torture. Et j'avais conscience que tout était de ma faute.

Je me sentais ridicule. A pleurnicher, ruminer, devant un film, un pot de glace à la main. Je me sentais ridicule de me retrouver dans cet état, de nous avoir imposé cette souffrance. Je me sentais ridicule de pleurer alors que j'étais celui qui avait tout brisé, celui qui avait fait du mal.

Avais-je réellement fait ça pour protéger Camille ? Oui, j'avais eu peur pour son job, pour sa réputation au sein de ce centre qui avait tellement besoin de lui. Je devais penser à sa passion, aux enfants qu'il aidait si bien, il était fait pour ça et je ne voulais pas être celui qui allait lui retirer ça. Oui, c'était pour ça que je l'avais fait.

Mais avais-je aussi pris peur ? Du sérieux que prenais notre relation ? Pourtant c'était tout ce que je demandais. Une histoire sérieuse, qui serait faite pour durer, avec quelqu'un qui m'accepterait comme j'étais et qui accepterait Noé aussi bien.

RISINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant