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Mati était assis sur le sol de son atelier, des pinceaux dans les mains, attendant la venue d'une inspiration qu'il recherchait depuis de longues journées. La recherche de création brulait dans son être comme un feu ardent, n'attendant que d'être apaisé. Ces derniers jours avaient été rudes, et seul l'idée de peindre avait fait tenir son âme tant blessée. Peindre était ce qui le maintenait ici, ce qui l'aidait à tout surmonter. Mais parfois, tout semblait trop pour pouvoir le supporter. Alors il se retrouvait ici, une fois de plus, dans la petite pièce qu'il avait transformé en atelier, un sanctuaire caché du monde dont lui seul connaissait l'existence. Son exutoire, son seul repère. Là où il était lui même et où il pouvait créer. Car Mati était né avec l'âme d'un artiste, avide de couleurs somptueuses et majestées. Mais la vie était si compliquée pour une âme aussi fragile que celle de l'adolescent abîmé. La société avait décidé de ne pas l'accepter tel qu'il était, le jugeant incontrôlable et trop décalé. Et c'était si frustrant, pour lui, qui ne souhaitait que libérer ses émotions et l'univers entier qu'abritait sagement son esprit, voulant tellement montrer au monde l'immensité de son âme et de ses pensées. Il voulait partager son art à la terre, et marquer l'histoire grâce à ses toiles distinguées. Malheureusement pour lui, il n'était pas écouté. Toute cette frustration et cette colère brûlaient en lui depuis des semaines et des semaines, ne demandant qu'à ressortir sous n'importe quelle forme d'art qu'il pouvait imaginer. Et à ce moment là, alors qu'il était assis sur le sol de son petit atelier, tout résonnait en lui comme un tourbillon déchaîné. Une tornade de sentiments qu'il avait tant refoulé secouait tout son être au fur et à mesure du temps qui passait. C'est les mains tremblantes de rage et de désespoir qu'il se leva, et s'empara de sa palette de peinture, prêt à déballer tout ce qu'il retenait en lui depuis bien trop longtemps. Un premier coup de peinture s'abattait sur la toile vierge en face de lui, Sonnant le début de la bataille intérieure qui lui ruinait sans arrêt la vie. Il peigna alors, encore et encore, complètement obnubilé par cette colère qui l'habitait, complètement plongé dans cette transe dans laquelle l'art le berçait. Coup de pinceau après coup de pinceau, il fini par s'écarter des dizaines de minutes après le départ lancé, des larmes coulant sur ses joues qu'il n'avait même pas remarqué. Les sanglots s'accumulèrent dans sa gorge, il jeta un regard plein de haine à cette toile colorées de ses sentiments refoulés, et vint donner des coups chacun plus puissant que les autres à travers ce tableau fragilisé. Chaque coup faisait l'effet en lui de coup de poignard, qui martelait son cœur dans une détresse désespérée. La peinture saccagée jonchant le sol s'accordait maintenant parfaitement avec l'état dans lequel était l'adolescent depuis bien trop longtemps. Le cœur ruiné. Puis son corps vint toucher brutalement le sol, épuisé par toutes ces émotions qui étaient en train de le briser. Il se recroquevilla sur lui même, la tête enfouie dans ses genoux et le souffle coupé par la puissance de ses sanglots devenus gémissements de douleur au fil des minutes. Consumé par la haine et la tristesse, l'art l'avait fait succombé. Mati n'était plus que le reflet d'une âme d'artiste complètement brisée. Une âme vivant d'art et de passion qui n'avait pas été écoutée, qui n'avait pas été regardée. Un art qui n'avait pas su être apprécié. Une âme qui n'avait pas été comprise. Une âme qui aurait tout fait pour être aimée.
