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Elle laissa ses doigts effleurer la peau de son visage une dernière fois lors de leurs derniers instants, rencontrant au passage quelques larmes venues s'écouler sur ses joues ensanglantées. Ses propres larmes étaient bien trop nombreuses pour lui assurer une parfaite vision, et sa gorge bien trop encombrée par ses sanglots qu'elle ne pu prononcer un mot sans qu'il ne se brise au détour de son désespoir accablant. Elle aurait voulu crier, crier sa peine et son malheur, et lui hurler, ou plutôt lui ordonner de ne pas la laisser. Elle aurait voulu lui faire promettre de se battre encore quelques instants, pour assurer une place à ses côtés et prolonger leurs vies d'amants. Mais elle ne fit rien de tout ça. Elle semblait bloquée dans une partie du temps dont elle ne maîtrisait pas la portée, Là où tout allait si vite et pourtant si lentement. Là où les secondes paraissaient des heures, et les heures quelques instants. Une seconde elle était plongée dans ses iris apeurées, lui promettant son amour et sa sécurité, La seconde d'après elle le suppliait de rester auprès d'elle et de l'aimer pour l'éternité. Une seule seconde suffit à nous faire perdre pieds, En une seconde, elle, avait perdu la raison pour laquelle elle respirait. Peut être que si elle l'avait supplié plus fort, il serait resté. Peut être que si elle l'avait plus épaulé, il serait resté. Peut être que si elle l'avait mieux aimé, il serait resté. Ou peut être qu'ils étaient destinés à ce destin tragique depuis le début, qui sait. Toutes ces questions raisonnaient encore et encore dans sa tête dans un tourbillon de détresse et de désespoir. Jamais elle n'aurait imaginé une seule seconde que la mort pourrait toucher l'être qu'elle aimait, ce n'était même pas envisageable à ses yeux, jamais ils ne se quitteraient. Or à présent, les yeux qu'elle aimait tant demeureront fermés, et son cœur en restera hanté inexorablement. Elle se rappellera alors toute sa vie ces quelques instants où pour la première fois elle a réalisé que le temps est hors de portée, et que le destin, lui, demeure inébranlable.
