À toi Edwin,
Mon amour déserté.
Il y a un an de celà, je t'écrivais, sans même le savoir, pour la dernière fois.
Je n'ai jamais su si tu avais pu lire ces mots avant de partir, et je ne le saurai probablement jamais.
Tu sais, je t'ai attendu, ce soir-là. Pendant des heures je me suis tenu debout, dans cet endroit qui était le nôtre, en rêvant que tu viennes à moi.
Mais tu n'es jamais venu.J'étais tellement sous l'effet de la surprise après avoir lu ta lettre, que j'ai mis une semaine entière à réaliser que tu étais vraiment parti.
Tout comme j'ai mis des mois et des mois entiers à comprendre que tu ne reviendrais pas.Moi qui avait l'habitude de me moquer des héros dans les livres, à penser que les auteurs exagéraient toujours un peu leurs sentiments lorsqu'ils perdaient leur moitié, je sais maintenant que tout cela n'était pas romantisé, mais bel et bien la réalité.
Alors même si au début j'éprouvais de la colère et de l'incompréhension, j'ai vite ressenti cette douleur qui nous déchire de l'intérieur lorsque nous perdons quelqu'un qui nous est cher.
Je te savais vivant, comme je nous savais morts,
Car tu me paraissait si loin, et pourtant si près de mon cœur.Je t'ai écrit mille lettres, durant d'innombrables nuits sans sommeil, à formuler et reformuler les mots que je voulais t'adresser; à raturer, froisser et détruire des centaines de feuilles de papiers à cause de la frustration que cela me causait.
Je ne comprenais pas pourquoi tu étais parti, et cela m'a rendu fou petit à petit.
J'étais tellement confus et extrait de la réalité qu'on a dû me forcer à m'alimenter afin que je sois présentable pour la cérémonie.
Car, oui, je me suis marié.Pas à l'amour de ma vie, qui s'en était allé sans même se retourner, mais à une personne insignifiante choisie uniquement pour ce qu'elle pouvait rapporter, aussi triste que cela puisse paraître.
Je crois que ma silhouette avait vraiment dû devenir effrayante, pour que même mon épouse finisse par prendre pitié.
C'est là qu'elle m'a tout expliqué.
Les menaces qu'elle t'as envoyées, cette maudite lettre dont je ne connaissais pas l'existence qu'elle t'a adressée dans l'espoir d'arriver à ses fins, ainsi que de nous briser.
Après avoir passé des mois et des mois à chercher la raison de ton départ, j'avais enfin trouvé pourquoi tu m'avais laissé.
Et pourtant, alors que j'aurais probablement dû ressentir de la haine, de la déception ou un profond désespoir, je n'ai ressenti que du vide.Un vide si grand qu'il ne laissait plus aucune place dans ma poitrine.
Tout autour de moi était devenu un trou noir sans aucune faille pour que la lumière ne puisse y entrer.Parce qu'à ce moment-là, j'ai compris.
J'ai compris que je ne t'avais pas perdu parce que c'était ton choix, mais parce que les autres ont fait ce choix pour toi.Je pourrais passer des heures et des heures à t'expliquer ô combien tout cela m'a hanté de regrets et de colère pendant des mois, comment cela me hantera probablement pour la vie, mais cela ne fera pas changer le monde, alors à quoi bon ?
Le monde n'est sûrement pas prêt à écouter.
Tu sais, cela fait un an que je n'ai plus aucune nouvelle de toi.
Un an que je n'ai pas croisé ton regard si aimant, que je n'ai pas senti ton odeur, que je n'ai pas entendu ta voix.
Un an que j'ai perdu ma maison ainsi que l'hôte qui la rendait vivante.Moi qui ai fait vœu de tenir chaque promesse effectuée, j'ai laissé la nôtre inachevée.
Mais je n'oublierai jamais tout ce que tu m'as laissé.
Si tu savais ce que je ferai pour te sentir contre moi, rien qu'une dernière fois.
Pour te dire au revoir et faire le deuil de ce que nous aurions pu être, toi et moi.
Pour pouvoir enfin te dire, les yeux dans les yeux,Je t'aime, Edwin.
Je ne cesserai jamais de t'aimer.
Une partie de moi reste convaincue que tu es la seule âme qui m'ait été destinée.
Alors peut-être que ce n'était pas notre moment, pas notre réalité.
Peut-être que dans une autre vie j'aurais la chance de te faire mien, tout comme j'aurais l'immense bonheur d'être tien.En attendant, peu importe où tu te trouves, peu importe qui tu es, et bien que tu ne les liras probablement jamais,
Je te laisse ces mots sur ce bout de papier, ils sont les derniers qui te seront destinés.Maintenant, je suis enfin prêt à te laisser partir.
Alors à toi, cher inconnu qui a su captiver mon coeur,
Merci d'être passé sur mon chemin.
À toi, mon âme soeur oubliée,
Ton amant à jamais.
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Ce texte est assez spécial, je l'ai écrit dans le cadre d'un travail d'écriture d'une nouvelle épistolaire, et cette lettre est la dernière d'une correspondance de 16 lettres, il peut donc être compliqué de tout comprendre sans avoir le contexte de l'histoire. Je tenais quand même à publier ce texte car j'ai beaucoup aimé écrire cette nouvelle et que j'avais vraiment envie de partager un bout de l'histoire d'amour tragique de ces deux jeunes hommes passionnés.
J'espère qu'il vous plaira quand même !
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Inspirations Nocturnes
PoetryDe simples textes, poèmes, histoires sur la mélancolie des jeunes âmes de ce monde.