Le Prix de leur Vie {NCT}

Chapitre dix ou les larmes

Déjà deux jours étaient passés. Donghyuck évitait soigneusement Johnny, Mark passait son temps à disparaître alors Jungwoo était devenu le protecteur de Donghyuck.

Le plus jeune s'épanouissait ici, au milieu de tous ces gens qui ne le jugeait pas à chaque fois qu'il faisait quelque chose. Il continuait de partager une chambre avec Mark et de vivre dans une maison commune avec les autres mais il devait admettre qu'il avait perdu de vue certains de ses camarades depuis hier.

Il n'avait pas revu Ten, qui était sûrement en compagnie de ses amis étrangers, ni Jaehyun qui apparemment boudait pour une raison qui échappait aux gens. Et puis il s'était rendu compte aussi qu'il avait besoin de solitude parfois, comme en ce moment même.

Il ouvrit le cahier qu'il avait emmené avec lui et se recala dans l'herbe, contemplant un instant le ruisseau bleu acier qui coulait près de lui. Il se saisit à regret d'un crayon et reprit son écriture.

-Extraits du journal de Lee Donghyuck-

Je dois avouer que quelque chose me dérange ici. À commencer par Mark. Je peux comprendre qu'il ait été désagréable si i̶l̶ a̶ p̶e̶r̶d̶u̶ s̶o̶m̶ p̶a̶r̶t̶e̶n̶a̶i̶r̶e̶  son partenaire était un traître. Mais ça n'explique pas le fait qu'il ne m'ai pas parlé de Lucas. Ni qu'il n'ai rien vu venir. Et il ne m'a pas dit Je l'ai tué. Alors que c'est bien lui qui l'a fait. Non ?

Quelque chose cloche définitivement avec ce Lucas. Surtout avec le comportement de Yukhei quand on en parle. Yukhei d'ailleurs avec lequel les autres ont parfois du mal à prononcer son prénom alors qu'il n'est pas si compliqué. Je dois essayer d'en savoir plus sur tout ça.

-Fin des extraits-

~

Ça clochait définitivement, aucun doute, pensa-t-il en se levant.

Il rejoignit Jungwoo, occupé à discuter avec un jeune chinois. Ce dernier se présenta comme Chenle et les deux engagèrent une conversation animée.

Chenle fuyait la Chine et sa famille riche qui ne l'avait jamais aimé. Il était arrivé ici à la recherche du bonheur et même s'il devait avouer, non sans un sourire triste, qu'il ne l'avait pas encore trouvé, il était mieux ici en Corée du sud que chez sa famille en Chine.

Les deux finirent par se chamailler gentiment avant que l'estomac de Jungwoo ne sonne l'heure du repas, causant un fou rire à ses cadets.

Ils se dirigèrent vers le centre du village, là où de grandes tables en extérieur étaient installées. Ici le rythme de vie était libre. Certains travaillaient à la ville la plus proche, ceux sans papiers ou hors du système cultivaient autour du village, les plus jeunes recevant librement un enseignement. Quelques-uns vivaient même de nuit.

Toujours était-il qu'en arrivant près des tables, ils virent une petite douzaine de personnes attablées. Les gens s'amusaient et se chamaillaient gentiment sans différence d'âge, de genre ou de pays. Un peu la base d'une utopie.

Une utopie fondée par des mafieux, sacré paradoxe.

Donghyuck secoua la tête en voyant qu'il était seul à regarder les tables et que ses amis étaient déjà assis. Puis il lui vint une idée. C'était risqué. Mais tant pis. Il inspira à pleins poumons et cria.