Il est onze heures trente quand j'arrive devant les portes en fer. Je suis en retard, encore une fois. Je sais qu'elle ne m'en voudra pas, elle ne m'en veut jamais.
Mes chaussures grattent contre le gravier, le seul bruit qui coupe ce silence morbide. Je m'assois sur le sol, fixant le bouquet d'Azalées entre mes mains. J'hésite à le garder quelques minutes mais fini par le poser sur le marbre.
Ses lettres d'or me fixent, elles ressemblent à ses yeux.- Je suis encore en retard... Excuse moi. Je dis simplement.
Le vent caresse mon visage, je ne sais quoi dire, alors je lui raconte tout et rien.
- Tu sais, Sneaz a tenu à organiser une fête ce soir, t'aurais aimé, y aura toute la bande.
Je me tais de nouveau. Parfois, j'aimerais entendre une réponse mais elle reste muette.
- Tu leur manques à eux aussi, même s'ils ne viennent pas souvent... Ils sont beaucoup occupés tu sais, je lui dis pour la rassurer.
Je sais qu'elle ne leur en veut pas, elle comprenait. J'allume une cigarette en fixant le marbre blanc, la fumée se dissipe tandis que le vent griffe mes joues. Je reste silencieux quelques secondes avant de reprendre.
- Bon anniversaire, au fait.
Je continue de lui raconter ce que j'ai sur le coeur, ce qu'il se passe dans la bande ces derniers jours avant de finir par me lever. Il est plus de quatorze heures et la pluie commence à s'abattre sur la capitale, laissant le temps à ma capuche d'être trempée.
Je m'apprête à sortir quand une voix m'interpelle.
- Eh, gamin. La voix est rauque, j'en déduis que c'est une personne d'un certain âge qui s'adresse à moi.
Je me retourne doucement et lui fais face, je ne reconnais pas cette personne mais elle tient un trousseau de clés entre ses doigts.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Je te vois venir ici tous les jours depuis un an, tu devais sacrément y tenir à cette petite.
Je le considère quelques secondes avant de prendre la parole.
- Vous ne savez pas comment.
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l'amour des morts - nekfeu
Fiksi PenggemarElle était l'un de ces regards qu'on oublie pas, une sorte de fantôme du passé qui me permettait de combler et oublier. Et pourtant, je ne pourrais jamais l'oublier. « C'est précieux une vraie souffrance, on y tient comme à un trésor, on la protège...