six.

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« La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste. » - V. Hugo.

Il est plus de quatre heures du matin quand je foule le bitume du pont d'Iéna. Malgré le peu d'espoir de la voir encore là, sa silhouette est assise sur le rebord.
Je souris intérieurement, elle m'a attendu.

Je m'approche doucement et me poste devant elle. Elle me considère quelques secondes avant de prendre la parole.

- Ça fait bientôt deux heures que j'attends.

Je me gratte rapidement la tête, je n'ai aucune excuse sous la dent si ce n'est que j'ai oublié de mettre une alarme pour cette heure si spéciale.

- Je suis désolé, je me contente de dire.

Les pieds de la brunette frappent sur le sol, elle n'attendait aucune excuse, en fait. Je la regarde avancer devant moi, ne sachant pas quoi faire.

- Bah tu viens ?

Je ne dis rien et emboîte son pas. Je n'ai absolument aucune idée d'où nous allons.

- On va où ? Je demande.
- J'ai envie de te montrer mon endroit préféré.

J'hoche la tête et continue de la suivre à travers les rues parisiennes. La pluie commence à s'abattre contre ma veste. Je rabats ma capuche et elle en fait de même. Je l'écoute me raconter sa journée, comme à son habitude maintenant.

Je ne dis pas grand chose, je me contente d'avancer au rythme de sa voix et de la pluie. J'ai l'impression que le temps ne s'écoule plus. C'est toujours comme ça lors de nos rencontres nocturnes, le temps semble se figer et ne laisser divaguer que nos deux âmes pendant toute la nuit.

Notre virée dans les rues désertes de la capitale prend rapidement fin devant un vieux bâtiment aux allures hausmanniennes.

- J'espère que tu n'as pas peur du vide.

Je la regarde s'engouffrer dans l'allée longeant ce bâtiment. Je me mets à la suivre et comprends rapidement que son endroit préféré n'est autre qu'un toit parisien. Je la regarde grimper à l'échelle de secours avant d'emboîter son pas et de, moi aussi, grimper.

- C'est incroyable, ces seuls mots sortent de ma bouche pendant que je découvre une vue presque plongeante sur Paris sud.

Je m'assois à ses côtés, les pieds presque dans le vide. Elle pose délicatement sa tête contre mon épaule, et je dois dire que ce premier contact physique est loin de me déplaire, et pourtant, je me sens avoir un mouvement de recul.

- Désolée, je pensais que...ça te dérangerait pas... Je pensais que... enfin, qu'on était sur la même longueur d'ondes....

Je ne dis pas un mot, je me contente de me lever avec la boule au ventre et de fuir.

                                           *

À cet instant là, je me détestais. Je ne comprenais pas comment je pouvais lui faire ça, je ne comprenais pas comment tout ça pouvait me plaire. Je me sentais égoïste, alors je suis parti, me retrouvant seul avec mes pensées meurtries.

l'amour des morts - nekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant