vingt.

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« L'absence de tes yeux devant les miens, de ton visage proche du mien, de tes lèvres contre les miennes est pour moi le début d'une agonie amoureuse. » - A. France

Cela fait deux jours que je ne dors plus. Je n'ai toujours pas de réponse malgré les nombreux messages que je lui ai laissé. Je suis même allé en bas de chez elle. Quatre fois. Sans aucun succès.

L'angoisse me ronge le foie depuis plus de quarante-huit heures. J'avais raison. Quelque chose ne va pas, mais je ne sais pas quoi. Tous les scénarios me passent par la tête. Et je ne peux pas m'empêcher d'y penser. De penser à cette fois sur le pont. Est-ce que c'est ça ? Est-ce qu'elle a fini par sauter et partir, elle aussi ?

Je ne comprends même pas pourquoi j'agis comme ça. C'est vraiment pas mon genre de m'inquiéter de la sorte.

Je suis allongé sur mon canapé, à répéter ces pensées sombres en boucle dans ma tête, lorsque j'entends la sonnette de mon appartement. Je me lève, non sans peine vu mon état affaibli, et ouvre la porte.

Elle était là. Comme si rien ne s'était passé. Comme si je n'avais pas tourné en rond depuis deux jours à m'en arracher les cheveux d'inquiétude.

- Salut, elle dit simplement.

Je ne sais même pas quoi dire, je la laisse entrer et referme la porte, un peu ébranlé par cette visite imprévue. Et je n'arrive pas à me retenir.

- Mais t'étais où putain ? Ça fait deux jours que je m'inquiète comme un fou et tu débarques comme ça ?

Elle me considère un instant. Elle pose sa veste avant de me répondre.

- Nulle part.

« Nulle part », c'est ça sa seule réponse ?

- Tu te fous de moi ? Je craque.
-  Non, elle répond, comme si c'était logique.

Je ne dis rien et la regarde.

- Je suis désolée si tu t'es inquiété, c'était pas voulu.

Je ne sais même pas quoi répondre. Je souffle.

- Excuse moi.
- J'avais envie de te voir, elle change de sujet.

J'esquisse un sourire rapide.

- Moi aussi.

Et c'est comme ça qu'on a passé le reste de l'après-midi à regarder des films sur mon vieux canapé.

                                              *
Je sentais qu'elle me cachait quelque chose, mais je pense que j'étais trop effrayé de le savoir. Alors j'ai préféré mettre de côté ce sentiment. Je me sentais prêt et je ne voulais pas tout gâcher.

l'amour des morts - nekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant