H u p n o s

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Sa voix traduisait les mots en mélodie.
Dans sa bouche, les paroles s'entremêlaient, s'unissaient en une valse folle. De ses lèvres débordaient quantité d'idées, de rêves, de théories. Elle remodelait la réalité à son image, balançait les idées préconçues, s'en moquait allègrement. Réinventait le monde.

Et Dieu que j'aimais me perdre dans son univers. Je n'avais qu'une idée vague de ce qu'il représentait, ma seule possibilité étant de l'observer depuis les fenêtres de son regard ; mais ce que j'y voyais suffisait à furieusement m'émerveiller.

Il y avait une hâte, un empressement dans l'expression de ce qu'elle était. Tout devait s'extraire de sa tête, venir se fixer sur le réel. Tableaux, croquis, dessins, chansons, poèmes, danse ; tout y passait. Ce n'était jamais assez.

Moi, j'étais la témoin de ce drôle de génie grandissant. Souvent elle s'inquiétait que mon opinion changeât, l'angoisse naissant dans son regard :

“— Comment le trouves-tu ?”

Alors j'esquissais un sourire, toujours le même, plein d'indulgence et d'admiration :

“— Incroyable. Merveilleux. Extraordinaire, ma Neve.”

Et le soulagement passait dans son corps, elle relâchait les épaules sous le coup de l'émotion. Parce qu'elle continuerait à être admirée par moi, que je resterais à ses côtés pour approuver tous ses faits et gestes. Et ça me convenait absolument. Tant que je pouvais être sa confidente, son associée, j'étais la personne la plus entière de l'univers.

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